Festen – Adaptation et mise en scène Cyril Teste © Simon Gosselin
Festen – Adaptation et mise en scène Cyril Teste © Simon Gosselin

Festen, entre théâtre et cinéma aux Célestins

Entretien avec Cyril Teste, qui présente cette semaine à Lyon une adaptation du film de Thomas Vinterberg.

La saison théâtrale n’est pas terminée que l’on parle déjà de la prochaine. Avec en vue un événement incontournable : la présence d’Isabelle Adjani fin mars 2019 aux Célestins, dans Opening Night, mis en scène par Cyril Teste. Cet artiste visionnaire qui mêle cinéma et théâtre avait créé un choc avec Nobody. Il présente ce mois-ci à Lyon Festen, adaptation théâtrale du film de Thomas Vinterberg.

Lyon Capitale : Comment vous est venue l’idée d’utiliser la vidéo, ou plutôt le cinéma, dans l’espace de la représentation théâtrale ?

Cyril Teste : C’est tout simplement que les deux arts qui me touchent le plus, qui ont façonné mon imaginaire, sont le cinéma et le théâtre. Mais ce que je fais reste du théâtre, du spectacle vivant, ne serait-ce que parce que l’on joue devant un public. Même si, en mélangeant deux moyens d’expression, théâtre et vidéo, je tente d’en créer un troisième.

Pour Festen, que l’on verra aux Célestins ce mois-ci, vous utilisez le même procédé ?

Oui, on est dans une représentation théâtrale et dans une performance filmique. Mais je dirais que Festen amène une dimension théâtrale beaucoup plus importante que Nobody. La pièce nous amène au cœur d’une famille, une microsociété avec des non-dits, des agissements qui ne sont pas toujours bienveillants. On ne retrouve pas l’espèce de vivarium qu’il y avait dans Nobody, qui correspondait à un sujet particulier. Là, l’idée est de traverser Festen comme on pourrait traverser Hamlet. Le récit théâtral reprend ses droits par rapport au cinéma.

Le travail de répétition, de préparation, est-il plus important que pour une mise en scène classique ?

Oui, et c’est tout à fait différent. Au travail, pour le théâtre, de direction d’acteurs, de mise en place de décors, s’ajoute un travail spécifique pour la structure filmique. Mais nous nous sommes habitués à ça ; c’est devenu une partie de notre ADN. Pour chaque projet, on décompose tout ; par rapport à la dimension théâtrale, mais aussi par rapport à la dimension cinématographique. On accorde autant de temps à l’un qu’à l’autre.

Au printemps 2019, vous reviendrez aux Célestins avec Opening Night, une pièce inspirée du film de Cassavetes…

Oui, sauf que cette fois-ci nous utiliserons l’image, la vidéo, mais le spectacle ne sera pas conçu comme une performance filmique. Le théâtre sera très présent dans cette création.

Et Isabelle Adjani tiendra le rôle principal…

Oui, Isabelle Adjani a voulu rejoindre notre équipe. Cela faisait un an que nous étions en contact, avec ce désir de travailler ensemble. C’est elle-même qui m’a invité à me pencher sur la pièce de Cromwell Opening Night, dont s’est inspiré Cassavetes pour son film avec Gena Rowlands. Nous nous inspirerons à la fois de l’œuvre théâtrale et de l’œuvre cinématographique. Il ne faut pas s’attendre à un remake du film.

Sa présence suscite forcément une attente, n’est-ce pas paralysant ?

Non, en fait nous essayons de rester dans la joie et l’enthousiasme qui étaient les nôtres lorsque l’on a décidé de travailler ensemble. J’ai conscience que c’est une immense artiste, mais on reste concentrés sur l’aspect artisanal de notre travail et sur l’envie de faire quelque chose de plus grand que nous.

Festen – Du 12 au 16 juin au théâtre des Célestins

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