Après une dizaine de jours de mise en bouche hors les murs, À Vaulx Jazz rentre dès mardi dans le vif du sujet au centre culturel Charlie-Chaplin. Très vif même, jusqu’à ressusciter de grands moments de l’histoire du jazz et fêter le centenaire du Ra Soleil.
Les aficionados vaudais l’auront remarqué au premier coup d’œil, l’affiche 2015 d’À Vaulx Jazz (traditionnellement signée Bruno Théry, dans son style inimitable) est vivante. Et même un peu plus que ça. Elle ressuscite.
Elle ressuscite des figures qui notamment cette année donneront encore plus de chair au festival : le Pierrot le fou de Godard (le film sera projeté à quatre reprises – pas d’affilée, hein) tel que fantasmé par l’artiste en créature tout droit descendue du soleil Sun Ra. Car c’est l’excentrique (il n’existe pas de mots assez forts pour définir ce personnage fou du free jazz et du space rock) musicien décédé en 1993 qui clôturera le festival. Du moins tel que ramené à la vie par le Sun Ra Arkestra puisque, comme on l’a dit, Sun Ra, s’il est éternel, n’en est pas moins plus de ce monde. D’ailleurs ça tombe bien, aux commandes de ses claviers cosmiques, il ne l’avait jamais vraiment été.
Légendes
C’est là une idée force du festival – de plus en plus prégnante, sans être à tout crin programmatique – que de redonner vie (un peu parallèle, souvent un peu désaxée) à des disques ou des figures légendaires investis par des musiciens qui les ont côtoyés.
Ou même des récipiendaires d’un héritage qu’on voudrait rendre au centuple et qu’on tente de rendre tout court, c’est déjà pas mal. On l’avait vu l’an dernier avec le projet mettant en scène Steve McKay (saxophoniste pour les Stooges) et Lionel Martin (de retour cette année, après un léger passage à vide, aux côtés du maître George Garzone, reconnu par tous les praticiens – à défaut du public – comme le plus grand d’entre eux) aux commandes d’une relecture furieuse du Fun House de la bande à Iggy.
Nouvelle vague
On le reverra cette année avec la relecture de l’Escalator Over the Hill (importante pierre dans le jardin jazz 70s) de Carla Bley par le projet Over the Hills, approuvé par l’intéressée. Et donc par la double (re)visitation de Sun Ra : d’une part sous la houlette soufflante de Thomas de Pourquery et Laurent Bardainne (Limousine, Poni Hoax), d’autre part avec la présence du Sun Ra Arkestra, aujourd’hui dirigé par un Marshall Allen qui, du haut de ses 90 ans, fêtera le centenaire (s’il n’était pas mort, en fait maintenant le 101e anniversaire) du pharaon de Birmingham. Enfin, Stéphane Kerecki et son quartet s’attaqueront, comme sur leur disque Nouvelle Vague le bien nommé, aux grandes pièces musicales qui ont accompagné ce courant cinématographique.
Stars
Parmi les “stars” de cette édition, dont il ne faut pas oublier non plus la pléthorique programmation hors les murs, également portée par “les soufflants, les voix et les cordes”, on note la présence d’Avishai Cohen (le trompettiste, à ne pas confondre avec son parfait homonyme contrebassiste), Lars Danielsson, Anthony Joseph (hors les murs, mais dans ceux de l’Épicerie Moderne), Louis Sclavis (un habitué), mais aussi Natalia M. King, dont le retour après une longue éclipse nous fait dire qu’en effet cette édition d’À Vaulx Jazz a des vertus follement régénératrices.
À Vaulx Jazz – Du 10 au 21 mars, au centre culturel Charlie-Chaplin (Vaulx-en-Velin) et hors les murs. Détails pratiques sur le site du festival.
La sélection de Lyon CapitaleMardi 17 mars – soirée “Sax et cinéma”– Stéphane Kerecki, à 20h30– Lionel Martin et Georges Garzone, à 22hMercredi 18 mars – Over the HillSamedi 21 mars – soirée “Plein soleil”– Thomas de Pourquery & Laurent Bardainne, à 20h30– Sun Ra Centennial Arkestra, à 22hLes trois soirées ci-dessus ont lieu au centre culturel Charlie-Chaplin. |
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