Le 9e festival Lumière s’est ouvert samedi soir dans une halle Tony-Garnier comble. Avec Eddy Mitchell en invité d’honneur, la cérémonie a été pour le moins musicale.
"Les cérémonies d'ouverture se ressemblent toujours un peu, mais ça donne le ton du festival", résume Yohan, un habitué du festival. Cette année, les spectateurs et invités de Thierry Frémaux, le directeur du festival Lumière, ont plus chanté qu'à l'accoutumée.
Après la solennelle entrée des artistes, où Catherine Frot, Bertrand Tavernier et la Britannique Tilda Swinton ont eu les faveurs du public, Eddy Mitchell surgit. En costume noir, lunettes de soleil à la main, l'invité d'honneur de la cérémonie déambule dans la salle, accompagné par son titre phare, Pas de boogie woogie.
L’éloge à Jean Rochefort
Thierry Frémaux prend alors les rênes. L'ensemble des films proposés au cours de la semaine sont présentés dans un long clip. Les musiques s'enchaînent, jusqu'à l'éternel I will survive de Gloria Gaynor. L'ambiance monte d'un cran. Les spectateurs frappent en rythme dans leurs mains. Jusqu'à ce qu'ils s'aperçoivent du clin d’œil à Jean Rochefort, disparu lundi dernier. "Je pensais qu'ils rendraient hommage aux autres personnes décédées dans l'année, comme Mireille Darc, avoue Annie, qui n'a manqué aucune des neuf éditions. Mais c'est bien de le revoir comme ça, dans ses rôles."
D'ailleurs, lorsqu'il monte sur scène plus tard dans la soirée, le président de l'institut Lumière, Bertrand Tavernier, dédie les applaudissements reçus à son ami. Ému aux larmes, il prend le temps de souligner "l'acteur génial et l'homme exceptionnel qu'il était". Mais sans faire trop long : "Je ne vais pas être trop dans le sentimental, sinon je l'imagine, il m'aurait dit : Faut pas déconner..."
La promenade musicale est loin d'être terminée. Thierry Frémaux a tenu à saluer les "cabrones" Guillermo del Toro et Alfonso Cuarón, avec une demi-douzaine de mariachis, qui jouent en l'honneur des deux réalisateurs mexicains. "Ça, on aurait peut-être pu s'en passer !" sourit Annie.
Gérard Collomb a passé une tête
Vient le moment de proclamer officiellement ouvert le Grand Lyon Film Festival. Au rythme de Midnight Express, thème du film éponyme composé par le DJ italien Giorgio Moroder, les acteurs, réalisateurs et personnalités politiques sont appelés un par un à rejoindre Thierry Frémaux. Y compris Gérard Collomb qui, entre deux déplacements, "se devait de faire un détour par le festival".
Mais tous ne sont pas dans le tempo pour prononcer la phrase fatidique, ce qui leur vaut les huées du public. "C'est nul, c'est même très mauvais", plaisante Thierry Frémaux, sur un ton rappelant Louis de Funès. La troisième tentative sera la bonne. "C'est toujours festif et détendu, ajoute Annie. Ce n'est pas guindé, c'est l'avantage de ce festival."
On s'en aperçoit rapidement quand Bertrand Tavernier et Eddy Mitchell, qui ont tourné ensemble Coup de torchon, s'assaillent à coups d'anecdotes. Le réalisateur se souvient de son choix d'acteur : "Je pense que pour jouer Nono, qui atteint l'infini dans la crétinerie, il fallait quelqu'un comme Eddy. Pour jouer un imbécile, il faut être très intelligent." "Monsieur Eddy" le prend bien. Il a de l'autodérision, même sur sa filmographie : "Je n'ai pas joué dans beaucoup de westerns, mais c'est surtout parce que mon anglais est très pauvre ! Si, j'ai fait Big City. C'était amusant ! Tourner un western en Bulgarie, avec un Algérien..."
Un karaoké avant Hitchcock
"C'est la première fois que je peux venir, mais ça vaut le coup. Et puis là, on a eu de la chance, avec Eddy Mitchell, l'ambiance était géniale", savoure Françoise à la sortie. Avant de lancer le film d'ouverture, La Mort aux trousses, d'Alfred Hitchcock, près de 5 000 spectateurs ont entonné La Dernière Séance d'Eddy Mitchell, en karaoké.
Plus de 180 films sont au programme du festival Lumière, qui s'achèvera dimanche prochain et couronnera Wong Kar-wai (absent de la cérémonie d'ouverture mais bien annoncé vendredi à Lyon), comme prix Lumière. Et pour en rater le moins possible, il faudra s'organiser. Fan de cinéma, Annie n'a pas ce souci-là : "Le planning ? Il est fait depuis juin !"