Le Kraspek Myzik a une nouvelle fois la gentillesse d’ouvrir le bal saisonnier avec son festival Plug & Play, savant mélange de bizarreries, de découvertes et d’idées neuves.
Fi des grandes scènes qui en sont encore à étirer leurs grands segments, à se réveiller lentement de l’hibernation relative à la trêve des confiseurs de son, à vrai dire à peine remises de la saison d’automne et pas tout à fait prêtes à plonger dans la suivante et son marathon du printemps – pour la bonne et simple raison que le public ne l’est pas non plus. Il est rincé, n’a plus un rond et pas encore digéré.
Le Kraspek Myzik (Lyon 1er) lui, pas du genre à s’exploser la panse, est d’attaque dès janvier et, l’appétit venant en mangeant, contribuera comme un peu chaque année à nous remettre le pied à l’étrier. Ou la fiche dans la prise, si l’on préfère, puisqu’on parle ici du festival Plug & Play organisé comme de bien entendu avec l’association Lerockepamort. C’est donc en quelque sorte un calendrier de l’après que nous propose Plug & Play, ce que pourrait confirmer une interprétation libre de son visuel circa 2015. De l’après-Noël, mais aussi de ce qui va suivre, d’espoirs en découvertes.
Réécouter des vinyles
Une affaire qui, il faut bien l’avouer, pour le profane et pas que, prend vite des allures de cabinet de curiosités : à commencer par cette initiative qui peut paraître toute bête mais l’est d’autant moins, signée Die Pod Die (vous l’avez, le jeu de mots ?), qui propose aux zappeurs de mp3 que nous sommes tous un peu devenus des sessions d’écoute de vinyles dans des lieux choisis et scénographiés pour l’occasion.
Dit comme ça, ça fait un peu secte, mais en fait non, il s’agit juste d’un retour à une vieille pratique d’antan : écouter de la musique et ne faire que ça, ressortant ici du grenier des œuvres de Colin Stetson (New History Warfare, vol. 2 : Judges) et Terry Riley (A Rainbow in Curved Air) qui ne s’épanouissent que dans l’écoute attentive et approfondie.
Cerf, biche et faon
Côté scène, les curiosités, bestiaire..., appelons-ça comme on veut, s’annoncent à peu près comme suit : le premier groupe de “jack blues metal” au monde (Y. Blues), des types dont même la musique porte des rouflaquettes comme autant de positives œillères sur le présent (Cliché), du plus classique one-man band qui fait toujours son petit effet, que l’on soit fan de Rémy Bricka ou de Bob Log III (Olivier Gotti, dont le CV déjà bien bardé s’est alourdi d’une première partie de Carlos Santana à Vienne), et des artistes délicats qui baptisent leur album Cerf, biche et faon (indéfinissable Julien Gasc, à la délicatesse râpeuse)
La programmation recèle aussi d’inclassables petits génies, tels ces Benjamin Fincher qui jadis furent lyonnais avant de s’exiler. Un exil géographique mais aussi à travers les styles, toujours sous la coupe merveilleuse de Jean-Baptiste Bec – sans doute l’un des musiciens les plus sous-estimés (pas par tout le monde) de l’Hexagone – dont le dernier disque, Kamishibaï, viendra sans doute nous sortir des dernières torpeurs d’avant-saison.