Programmé dans le cadre du festival et pour la première fois à la Maison de la danse, le collectif lyonnais A/R réalise une performance qui questionne la place du spectateur, inscrivant une danse engagée dans l’espace public.
Créé en 2012 par Paul Changarnier (musicien) et deux danseurs, Thomas Demay et Julia Moncia, tous trois formés au CNSMD de Lyon (Conservatoire national supérieur musique et danse), le collectif A/R imagine des spectacles et des performances remettant en jeu des espaces multiples.
Au plateau, dans l’espace public ou in situ, le désir d’associer la musique live et la danse contemporaine est au cœur de leur processus de création. Le choix de l’espace est le point de départ essentiel pour écrire, composer et chorégraphier.
Ils proposent Placement libre, une performance déambulatoire qui questionne la place du spectateur et joue avec les codes du rapport scénique pour rendre la danse plus accessible.
“On est parti, nous disent-ils, du billet de théâtre sur lequel il est marqué placement libre. On s’est demandé si le spectateur était vraiment libre dans la mesure où il doit venir en avance pour avoir une place, jouer des coudes pour bien voir quand il a quelqu’un de grand devant lui. Il y avait tout ce raisonnement à explorer avec, en toile de fond, la notion même de liberté.”
"Debout, allongés, appuyés contre un mur, les spectateurs peuvent bouger eux aussi et transformer l’espace de la danse”
Partant du dedans pour aller vers le dehors, cette performance, que l’on ne veut pas trop dévoiler, démarre au studio Jorge Donn de la Maison de la danse, sans gradins, avec juste la musique et les deux danseurs.
C’est ici que se font et se défont les frontières entre les corps des danseurs et ceux des spectateurs.
“Quand ils arrivent dans le studio, ils se placent souvent par rapport à nous, sauf que la danse se déplace. Ils se demandent ce qu’il se passe, où ils vont pouvoir se mettre. On instaure alors un jeu avec eux où ils découvrent la liberté de se placer comme ils veulent : debout, allongés, appuyés contre un mur, ils peuvent bouger eux aussi et transformer l’espace de la danse.”
Guidé par les deux danseurs mais aussi par la musique de Paul Changarnier, aérienne, faite de nappes et de boucles sonores électroniques, ce dialogue est ponctué par la voix et les mots qui prennent aussi leur place de manière subtile.
Il se poursuit vers le dehors tandis que les uns et les autres se rapprochent et deviennent complices, confrontés à l’architecture et aux objets des lieux, aux lumières et aux sons urbains.
Au creux de ces atmosphères changeantes, vêtus d’un vêtement de travail orange et rouge, les danseurs s’adaptent, restent attentifs à l’intensité de la danse car ils doivent sans cesse porter l’énergie du groupe et ne jamais perdre le lien, même quand l’espace s’agrandit. Faite de poids, de souffles, de contrepoids, de jeux rythmiques et corporels, la danse du collectif se transforme en un lieu où l’être humain se donne le droit de regarder le monde à partir de différentes places choisies, de penser autrement sa liberté !
Placement libre – Collectif A/R – Les 11 et 12 mars à 17 h 30 – Festival Sens Dessus Dessous à la Maison de la danse, Lyon 8e