S’il est célèbre pour ses giboulées (parfois décalées à avril ou mai ces dernières années), mars est également à Lyon le mois du “festival d’opéras” : trois opéras présentés simultanément et unis par un thème.
“Se saisir de l’avenir”. Derrière ce fil conducteur qui, en ces temps incertains, résonne d’une façon bien étrange, nos trois opéras abordent, chacun à sa façon, une question commune : comment résister face à la fatalité ?
Une balle perdue, causant involontairement la mort du père de Donna Leonora, et voilà qu’une situation déjà inextricable bascule soudain dans la catégorie du drame shakespearien. De quoi contrarier pour de bon une idylle, déjà fragile, entre Don Alvaro et Donna Leonora et déclencher l’ire vengeresse de son frère Carlo. Avec La Force du destin, Giuseppe Verdi nous livre, sur fond de campagne guerrière entre Italie et Espagne, une œuvre dense et puissante, cruelle et rocambolesque dont s’empare ici le metteur en scène et étoile montante berlinoise Ersan Mondtag, associé pour l’occasion au chef Daniele Rustioni.
Les femmes et les enfants d’abord
Gros bond dans le temps avec 7 Minutes de Giorgio Battistelli, présenté à l’opéra de Lyon pour la première fois depuis sa création en 2018. Ici le contexte politique revêt des accents plus concrets et actuels puisque l’œuvre nous relate le combat syndical de onze femmes au sein d’une entreprise.
Suite à la revente de l’usine de textile Pichard et Roche à une multinationale, les salariées se retrouvent face à un dilemme imposé par la nouvelle direction qui leur demande de réduire de sept minutes leur quart d’heure de pause journalière. Un débat s’engage alors entre ces femmes quant à la question d’accepter ou pas cette demande des “cravates”, surnom donné par les ouvrières aux nouveaux propriétaires.
Compromis acceptable ou début d’un dangereux engrenage ? À la discussion entre les onze femmes s’invite la peur de perdre son travail mais également la diversité de leurs situations respectives (âge, origine sociale, place dans l’usine...), l’appréhension du rapport de force comme l’aspiration à la dignité.
Sur le plan musical, la partition de Battistelli, bien que contemporaine, s’inscrit dans un discours tonal qui rappelle esthétiquement les débuts du XXe siècle. Celle-ci sera défendue par Miguel Pérez Iñesta tandis que la mise en scène sera confiée à Pauline Bayle.
Composée pour l’occasion et présentée en création au TNP de Villeurbanne, la dernière œuvre se distingue par son dispositif original faisant appel à un chœur de trente-cinq enfants issus de la Maîtrise de l’Opéra de Lyon associé à un orchestre d’instruments mécaniques. Si sur le papier, l’argument paraît un poil cryptique, L’Avenir nous le dira de Diana Soh aborde les questions de temps, d’avenir, des doutes devant le futur. Il appartiendra alors aux jeunes protagonistes de “décoder l’algorithme du futur” : tout un programme !
Festival de l’Opéra de Lyon – Du 14 mars au 2 avril à l’opéra de Lyon www.opera-lyon.com