SELECTION - À quelques mois des municipales, le cru 2013 de la Fête des lumières s’annonce particulièrement prometteur de vendredi 6 à lundi 9 décembre. Des créateurs de renom, comme Jean-Charles de Castelbajac ou Chantal Thomass, vont illuminer la Presqu’île. Au sud, la Confluence multiplie les spectacles et s’embrase autour du thème du feu. Au nord, la Tête-d’Or propose un voyage onirique et exotique en Chine. Sous la Croix-Rousse, le nouveau tunnel modes doux, inauguré pour la fête avec une mise en lumière pérenne, suscite la curiosité et risque d’attirer tous les projecteurs.
Tunnel de la Croix-Rousse : une “première mondiale”
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“C’est une grande première mondiale. Mon sort est entre les mains de Skertzò !” s’est amusé Gérard Collomb, lors de la présentation à la presse, fin octobre, de la Fête des lumières 2013. Cette année, tous les projecteurs seront braqués sur l’inauguration de la galerie “modes doux” (piétons, cyclistes et bus) du tunnel de la Croix-Rousse. La Ville de Lyon profite de l’événement pour dévoiler, dès le 6 décembre, une mise en lumière pérenne et ludique le long des 1 600 mètres de tunnel. Révélés avec le spectacle 2002 des Terreaux, celui qui fissurait et déplaçait les murs de la place, les scénographes de Skertzò reviennent pour la quatrième fois à la Fête des lumières. Mais, cette année, une double et lourde tâche leur est assignée : conforter les ambitions électorales du maire de Lyon – le tunnel est un important projet de fin de mandat – et répondre aux attentes d’une illumination parmi les plus attendues de ce cru Lumières 2013.
“Le Grand Lyon voulait que le tunnel ne soit pas simplement éclairé à plat. Il voulait proposer aux piétons un univers un peu différent. Quand on rentre dans un tunnel, on a envie de voir l’autre bout. L’expression “le bout du tunnel” dit bien ce qu’elle veut dire. Quand on voit le bout du tunnel, c’est qu’on est sorti d’affaire ! C’est un espace qui doit faire oublier l’élément anxiogène qu’il constitue par lui-même. C’est un mode de transport comme un autre”, confie Hélène Richard, conceptrice du projet. Les artistes de Skertzò ont donc imaginé un parcours d’images projetées, de vidéos et de 3D, qui accompagne le piéton, toujours en mouvement. “On travaille sur des images déformées, sur de l’anamorphose, sur le point de vue. Le jeu optique de l’anamorphose consiste à solliciter l’œil du passant. En fonction du point où vous vous situez, vous allez pouvoir reconstituer une figure ou bien avoir quelque chose de complètement abstrait”, explique Hélène Richard. Pour ne pas lasser le piéton, les scénographes ont conçu une douzaine de trajets différents, sur des thèmes tels que les fleuves, la nature ou le cirque. Même les frères Lumière sont convoqués. Les parcours se renouvelleront avec une périodicité d’une heure, une heure et demie, de manière à ne pas revoir deux fois les mêmes images dans la journée.
Centre-ville : des stars et du spectacle
Cette année, le centre-ville affiche des projets spectaculaires et des signatures artistiques. Deux grands noms de la mode, Jean-Charles de Castelbajac et Chantal Thomass, exposent leurs créations en Presqu’île. Le premier, artiste protéiforme et éclectique, présente dans la cour de l’hôtel de ville Lost Paradise, une œuvre métaphysique de sons et lumière, mise en musique par l’artiste électro Mr Nô, qui voyage à travers l’histoire de Lyon. Quelques rues plus loin, place de la Bourse, la créatrice de couture et de lingerie Chantal Thomass pousse à cueillir sa Sérénade de fleurs. En association avec le Village des Créateurs, la conceptrice redessine les arbres de la place avec des bouquets colorés de roses et d’hortensias, décorés de satin et de dentelle. Au rayon spectacles, un an après avoir illuminé la cathédrale Saint-Jean avec ses Chrysalides, le metteur en scène et compositeur Damien Fontaine revient sur la place des Terreaux. Il y propose une épopée fantastique autour d’un Prince des lumières en quête d’un trésor dérobé. À Bellecour, une marionnette géante, Pierrot le feu, utilise la place comme terrain de jeu pour ses projections pyrotechniques.
Cette féerie de lumières se poursuit avec la place des Jacobins, récemment rénovée, qui accueille cette année Show Case, un immense et mystérieux cube miroir entourant la fontaine. Un mystère qui s’épaissit place Saint-Jean, où un monolithe diffusant de la lumière à 360 degrés rappelle le film de Stanley Kubrick 2001, l’Odyssée de l’espace. Dans une ambiance sonore, le cube crée un véritable bain de lumière et retrace les lignes architecturales de la cathédrale. Les deux autres monuments du quartier, la basilique de Fourvière et l’ancien palais de justice, sont quant à eux célébrés en musique, sur le thème d’ouverture du film Lawrence d’Arabie, composé par le Lyonnais Maurice Jarre.
À côté des spectacles et des signatures, le centre-ville préserve quelques projets plus intimistes. Sur le Rhône, des Crayons de couleurs chamarrent le fleuve, pendant qu’un Mikado céleste s’élance sur les terrasses de la Guillotière. Près du pont Morand, un Village dans le ciel coloré, conçu par le studio lyonnais Pitaya, s’élève et s’anime sur les quais. Dans les pentes de la Croix-Rousse, le cours des saisons s’accélère avec Un printemps en hiver. En battant les marches de la montée de la Grande-Côte, les saisons défilent, et le givre laisse la place aux vertes prairies et arbres fruitiers.
Sud : les artistes enflamment la Confluence
Projet urbain phare de la Ville de Lyon, le quartier de la Confluence prend de plus en plus d’importance à chaque édition de la fête. Cette année, autour du thème du feu, le sud de Lyon veut ranimer la flamme avec des artistes prometteurs et multidisciplinaires. Sous les voûtes de Perrache, la Voiture 21/Côté fenêtre du photographe polonais Milosh Luczynski fera voyager les piétons à travers des lucarnes de train en mouvement, captant différents paysages du monde entier, d’une plage déserte à la mégalopole dynamique. Quant à l’artiste berlinois Christopher Bauder, mixant art, design et technologie, il investit l’hôtel de région avec Grid, qui promet d’envoûter le spectateur dans une danse graphique et poétique mêlant musiques électronique (Robert Henke) et classique (Bach). “Tous les éléments du programme visuel peuvent être changés en temps réel pendant le spectacle. Je peux modifier le mouvement, la couleur et l’animation en direct sans casser le lien avec la partition musicale”, confie Christopher Bauder. Un vent de modernité qui souffle également sur les murs du centre commercial avec Water Light Graffiti : les graffeurs d’un soir pourront créer et imaginer, grâce à des brumisateurs, des messages lumineux avec de l’eau. Sur la place nautique, les Flammes jailliront de La Machine, une compagnie de théâtre de rue qui fait vaciller les cœurs et les étincelles.
Le feu, l’eau... Les éléments s’agitent et se confondent, jusqu’à l’immense carcasse du musée des Confluences. Le “paquebot”, qui n’ouvrira que fin 2014, voit son chantier participer à la fête avec 250 gyrophares amarrés à bord – “un projet qui démarrera quelques jours avant la fête, comme un teaser”, explique le directeur des événements de la Ville de Lyon, Jean-François Zurawik.
Nord : la Chine et le Mexique à l’honneur
Après avoir déserté l’an dernier les allées du parc, la Fête des lumières revient à la Tête-d’Or, pour une balade lointaine et onirique en Chine. Avec Chinese Corner, l’artiste chinoise Li Li invite à un voyage poétique à travers une culture millénaire. Dans sa déambulation, le visiteur découvrira un lac de lotus, des projections d’ombres chinoises et un village reconstitué, librement inspiré de la cité historique de Xi’an. Une forêt de lanternes traditionnelles, offertes par la ville de Canton, permettra d’achever la rêverie. L’exotisme et le voyage continuent avec les Allebrilles, la parade qui met à l’honneur le Mexique. Des marionnettes de 5 mètres de haut défileront sur les quais de Saône, depuis le pont de la Feuillée. Les créatures, directement inspirées des alebrijes mexicains, chimères de bois sculpté ou de papier mâché, ont été fabriquées aux Subsistances par des artistes mexicains, haïtiens, chiliens et burkinabés.
Quartiers : petits projets, grandes pépites
Hors des sentiers battus, la programmation révèle des projets originaux et décalés. Dans le 1er arrondissement, le célèbre mur des Lyonnais va pour la première fois s’illuminer et s’animer pendant la fête. Les frères Lumière, Antoine de Saint-Exupéry ou encore Tony Garnier vont prendre vie pendant quatre soirs, à travers des clins d’œil animés et des hommages à l’histoire de Lyon. Sur les pentes de la Croix-Rousse, la place Colbert invite à se perdre dans le LumiNon, une galerie de sons et lumières où les sens s’altèrent dans des vibrations croissantes. Dans le 7e arrondissement, à l’angle de la rue Mazagran et de la rue Jangot, les Lumières de la Guill’ proposent vidéos, spectacles poétiques ou théâtraux, dans l’esprit de Charlie Chaplin et de son célèbre film Les Lumières de la ville. Enfin, dans le 9e, sur la récente place Abbé-Pierre de la Duchère, Agorama projette les témoignages des habitants du quartier à travers les vingt faces d’un icosaèdre géant.
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Lire aussi :
A lire sur ce blog, ce billet 'La fête des lumières: Lyon dans le magique et les bonnes affaires' > http://humeursnumeriques.wordpress.com/2013/04/09/merci-marie/
Merci pour ce programme descriptif. Une fois encore les artistes confondent 'Fête des Lumières' et 'Sons & Lumières', ce qui donne un autre sens ; ils feraient mieux de s'accommoder à notre thème 'Lyon & Illuminations', plutot que de nous embarquer dans une fête tout genre. Cela perd de la cohérence, même si c'est joli.
j'ai l'impression que les votes sont biaisés pour décerner le prix Lyon Capitale, les résultats ne reflètent pas la réalité; ce sont les aléas du vote via internet; j'ai lu les commentaires ça et là ces derniers jours et j'imagine qu'il s'agit surtout de votes mobilisés contre la fête des lumières. Dommage ! Le plus beau la place des Terreaux et la fresque des lyonnais; le plus décevant, les Celestins et St Jean.