@ Fête du Livre de Bron

Bron : fête l’Amour !

Pour cette nouvelle édition, le festival de littérature de Bron ausculte l’amour sous toutes ses formes.

Qu’est-ce qui pourrait sauver l’amour ?”, hululait le poète Balavoine sous les saccades des synthés. Bonne question. À ce stade de l’humanité et de l’actualité, on ne voit pas trop – et Balavoine chantait cela en 1985. Alors, cette année, la Fête du Livre de Bron répond à notre place : la littérature, tiens donc. Ce n’est pas la réponse la plus farfelue.

Par là, il s’agirait pour la littérature de se sauver elle-même, tout en sauvant le monde, et tout ce qui tourne autour de l’Amour donc, avec un très grand A. Tout cela en trois jours, vaste programme.

Aussi vaste, on est habitué, que celui de cette Fête du Livre qui transperce cette thématique à coups de tables rondes, dialogues d’auteurs, rencontres, grands entretiens (Pascal Quignard, Nina Bouraoui), lectures musicales (Magyd Cherfi, Elisa Shua Dusapin), bref à coups d’écrivains et de textes, tout simplement.

Rien de plus facile, depuis que l’homme (et la femme) s’est mis en tête d’écrire des romans, il est davantage traversé par l’Amour et ses petits tracas que par n’importe quoi d’autre.

Ainsi retrouve-t-on à Bron des auteurs qui auscultent le sentiment amoureux avec précision pour ne pas dire maniaquerie (Éric Reinhardt, François Bégaudeau, Julia Kerninon, Philippe Besson, Nathalie Azoulai, Sébastien Berlendis…). D’autres qui explorent les liens familiaux, premiers tissages de l’Amour (Sylvain Prudhomme, Cécile Coulon, Nina Bouraoui, Elisa Shua Dusapin, Magyd Cherfi…) ainsi que leurs manques (Yamina Benahmed Daho, Vincent Almendros, Thomas Flahaut…) ou l’étendent à de plus grandes questions (Pascal Quignard, Nicolas Mathieu, Paolo Giordano, Yannick Haenel, Nathacha Appanah, Thomas Gunzig, Luc Lang…).

Côté jeunesse, le programme est aussi vaste que l’amour : outre la remise du prix Summer des collégiens, petit frère du prix Summer, les lycéens inviteront l’autrice lyonnaise Yamina Benahmed Daho et trois grandes rencontres permettront d’expliquer l’Amour aux enfants, rien que ça, autour des questions du vivant (avec Charles Berberian), de la passion (Anaïs Vaugelade et Hélène Vignal) et de l’amitié (Irène Bonacina, Ludovic Lecomte et Gaya Wisniewski). Plus de nombreux ateliers, lectures musicales ou dessinées et spectacles pour tous les âges de l’Amour. Faites donc le déplacement, vous allez aimer.

Fête du Livre de Bron - Sauver l’Amour – Du 8 au 10 mars à l’hippodrome de Parilly. Programme complet et détaillé sur www.fetedulivredebron.com


Focus

Goncourt(s) de circonstance

Jean Baptiste Andrea © Céline Nieszawer

Ce n’est pas écrit dans les tables de la loi de la Fête du Livre de Bron (d’ailleurs il n’y a pas de table de la loi à Bron) mais il se trouve que chaque édition brondillante peut s’enorgueillir de la présence de l’auteur qui a obtenu le prix Goncourt, attribué en novembre de l’année précédente.

Cette édition ne fait pas exception à la règle. Jean-Baptiste Andrea sera bien de la Fête. Pour évoquer son roman primé, Veiller sur elle (éditions L’Iconoclaste), une palpitante saga qui tourne autour de la relation d’amitié passionnée entre un homme et une femme, nés tous deux en Italie, au début du siècle dernier. Un couple qui n’en est pas vraiment un, que l’on suit durant plusieurs décennies, où se mélangent la petite et la grande histoire.

Nicolas Mathieu © Astrid Di Crollalanza


Nicolas Mathieu a été quant à lui également couronné par la plus prestigieuse des récompenses littéraires françaises, en 2018, avec le formidable Leurs Enfants après eux. Et bien sûr, il était à Bron cette année-là. Il sera encore présent en 2024 pour évoquer son livre publié cette année, Le Ciel ouvert (éditions Actes Sud) admirablement illustré par Aline Zalco.

Un recueil de textes poétiques, de microfictions initialement postées sur Instagram, on ne peut plus raccord avec le thème générique (“Sauver l’amour”) choisi pour cette édition. Avec une écriture à la fois limpide et saisissante, il se livre à un exercice qu’il avait jusque-là évité, se dévoiler, livrer son intimité. Mais dans ces écrits autobiographiques, il nous révèle son amour, à la fois semblable et différent, pour un père, une femme, un enfant. Bouleversant.

L’amour au temps du choléra – Dialogue d’auteurs entre Jean-Baptiste Andrea et Lola Gruber, vendredi 8 mars à 17 h.

Sauver l’amour – Dialogue d’auteurs entre Glen James Brown (GB) et Nicolas Mathieu, samedi 9 mars à 11 h.


Pierric Bailly © Amandine Bailly

Pierric Bailly et Sophie Divry, des relations de bon voisinage…

Si la FDLB n’oublie jamais d’inviter de belles plumes lyonnaises, ce n’est pas pour économiser des frais de déplacement. C’est bel et bien parce que leur plus récent ouvrage a été favorablement accueilli par la critique et l’ensemble des lecteurs. Et d’autant plus si ce dernier livre publié cadre idéalement avec le thème générique.

Ce qui est le cas de Pierric Bailly pour La Foudre (éditions P.O.L) et de Sophie Divry avec sa Fantastique Histoire d’amour (éditions du Seuil), dont nous avions fait l’éloge dans nos colonnes. Les deux romans sont aussi dans la dernière sélection du prix des libraires, qui sera remis le 15 mai prochain.

La Foudre nous emmène dans les hauteurs montagneuses du Jura. Où l’on rencontre John, berger, rugueux et solitaire comme il se doit, qui voit son destin basculer lorsqu’il découvre qu’un de ses anciens condisciples est accusé de meurtre. Il retrouve la compagne de ce dernier et engage avec elle une relation de plus en plus ambiguë, et passionnée.

Sophie Divry © Bénédicte Roscot

Autre passion amoureuse, celle que dépeint Sophie Divry dans sa Fantastique Histoire d’amour. Elle réunit deux quadragénaires lyonnais, un inspecteur du travail et une journaliste scientifique, et les plonge au cœur d’une intrigue haletante. Aussi addictive que les diamants bleus, dotés d’un redoutable pouvoir, dont il est aussi question.

Pierric Bailly, dont le roman est sélectionné pour le prix Summer, attribué par la Fête du Livre de Bron, participera à une table ronde avec les autres auteurs en lice : Clara Arnaud, Rachid Benzine, Charly Delwart et Julie Héraclès. Le vendredi 8 mars à 18 h 30.

Fantastiques(s) histoire(s) d’amour – Dialogue d’auteurs entre François Bégaudeau et Sophie Divry, samedi 9 mars à 17 h.


Nostalgie amoureuse

Dans Lungomare (éditions Actes Sud), Sébastien Berlendis effectue un retour dans le passé qu’il aime nimber d’une nostalgie modianesque. Attentif aux paysages, aux détails qui veulent dire beaucoup, il nous guide sur le Lungomare, une de ces promenades italiennes où le farniente est de rigueur.

Autre atmosphère balnéaire, autre ambiance estivale pour Philippe Besson. Dont le dernier roman, Un Soir d’été (éditions Julliard), se déroule sur l’île de Ré, dans les années 80. La disparition d’un des leurs vient bouleverser les vacances insouciantes d’un groupe d’adolescents.

Amoureux de l’amour – Dialogue d’auteurs entre Sébastien Berlendis et Philippe Besson, dimanche 10 mars à 17 h.


À ne surtout pas oublier, Jean-Pierre Martin

Jean-Pierre Martin © Patrice Normand

Jean-Pierre Martin a de la mémoire. Son dernier livre, N’oublie rien (éditions de l’Olivier), en est la preuve. Dans ce bref mais intense récit, il revient sur ses deux mois d’incarcération à la prison de Saint-Nazaire, quand il avait 22 ans, en 1970. 61 jours de mitard ! Son crime ? Avoir distribué des tracts justifiant l’attaque au cocktail Molotov de la direction des Chantiers de l’Atlantique, en réplique à une série d’accidents du travail ayant entraîné la mort de plusieurs ouvriers.

Basé sur les notes qu’il a tenues durant ce séjour à la fois pénible et mémorable, le livre témoigne d’une ambiance totalement différente de celle que nous connaissons aujourd’hui.

L’amour du combat – Dialogue d’auteurs entre Jean-Pierre Martin et Luc Lang, samedi 9 mars à 14 h.


www.fetedulivredebron.com

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