En inscrivant sa programmation dans la thématique “Une soif d’idéal”, la Fête du livre de Bron a trouvé une fois encore un terreau propice à la réflexion et à la lecture, multipliant notamment, outre les grands auteurs, les approches audacieuses de la lecture publique.
En ce temps où le politique tord le langage afin de le rendre acceptable, où la californisation de la langue, comme le dirait Alain Rey, nous commande de nous exprimer comme des managers de nos propres vies, le mot “idéal” a-t-il encore un sens ? Et, conséquemment, en avons-nous encore soif ? Tâchant de répondre à cette question tout en rendant le mot à sa fonction – et à la fiction, mais pas que –, la Fête du livre de Bron s’est trouvé pour 2020 un sublime thème : “Une soif d’idéal”. À la croisée du chanteur Souchon et du poète Baudelaire, qui dans Spleen et idéal était en quête du “rouge idéal”. Utopie, exigence individuelle et collective, idéal amoureux (particulièrement mis en lumière le 14 février), spirituel, politique, en somme idéal de vie et vie idéale, seront autant de thèmes embrassés de front ou de biais par une belle promotion d’auteurs. L’Anglais Jonathan Coe, Nicole Lapierre (pour son essai à paraître en janvier sur l’idéal républicain), Régis Jauffret et le Goncourt Jean-Paul Dubois y livreront notamment de grands entretiens.
Databiographie et fleurs du mal
On assistera à des dialogues d’auteurs (Judith Perrignon et Sylvain Coher, Vincent Message et Luc Lang) et à des rencontres hybrides entre bande dessinée et anthropologie (Jean-Marc Rochette et Nastassja Martin sur le thème du loup), science politique et littérature (Jean-Pierre Filiu et Kaouther Adimi autour de l’Algérie) ou bande dessinée et science-fiction (Ugo Bienvenu et Olivier Paquet), à des tables rondes thématiques (l’idéal amoureux, la famille idéale, les utopies réalistes), à des lectures mises en scène (Charly Delwart et sa Databiographie, Cécile Coulon, Mathilde Forget autour de son premier roman, À la demande d’un tiers…) et à la présentation du film Revenir de Jessica Palud (suivie d’une rencontre avec la réalisatrice et l’auteur du livre qui l’a inspiré, Serge Joncour). Sont également attendus Laurent Binet et son Civilizations, Lionel Duroy, Hélène Gaudy et l’Espagnol Manuel Vilas, sans oublier un programme jeunesse très en phase avec la thématique : Ramona Badescu, Marie Desplechin, Camille Jourdy… Autant d’ingrédients voués à faire de cette Fête le terreau idéal de vos lectures.
NB : Début des festivités mercredi 12 avec Emmanuelle Pireyre et sa drôle de Chimère littéraire à la médiathèque Jean-Prévost, suivie jeudi 13 par une “nuit espagnole” à l’espace Albert-Camus avec l’auteur Christophe Ono-dit-Biot, le plasticien Adel Abdessemed, l’autrice et musicienne Léonor de Récondo et la comédienne Clotilde Courau.