Le patron du TNP se confronte à l’écriture poétique et engagée d’Aimé Césaire, pour un nouveau spectacle conviant politique et histoire.
Quand il envahit leur création littéraire, l’engagement politique est souvent malvenu chez les écrivains. L’œuvre perd en crédibilité, et l’affichage des convictions devient une entrave quand il ne la transforme pas en pur et simple outil de propagande. Mais, sans doute parce que ses idées étaient sincères, nuancées et fruits de son expérience propre, Aimé Césaire, qui fut un temps communiste avant de fonder le Parti progressiste martiniquais, n’est jamais tombé dans ces travers. Et pourtant tous ses livres sont portés par un ancrage idéologique fort. Ainsi, dès son premier ouvrage, Cahier d’un retour au pays natal, composé entre 1936 et 1939, il affirmait déjà l’un de ses thèmes majeurs, celui de l’égale dignité de tous les hommes. Avec une langue incisive, il y défendait l’universalité des droits fondamentaux et sa foi en la nature humaine. Tout ce qui fit de lui un anticolonialiste farouche. Sans obérer en rien la puissance de son écriture, qualifiée par André Breton de “belle comme l’oxygène naissant”.
Ces thèmes et son style saisissant, on les retrouve dans Une saison au Congo, une pièce écrite en 1966 que Christian Schiaretti a décidé de mettre en scène. Elle retrace les derniers mois de la vie de Patrice Lumumba, figure charismatique qui fut brièvement Premier ministre du Congo lors de la période de transition vers son indépendance où le pays dut faire face à la sécession katangaise, soutenue par les intérêts belges et plus largement occidentaux. Politique et histoire s’entremêlent donc, un cocktail qui avait pleinement réussi au patron du TNP dans sa dernière création, Mai, juin, juillet, consacrée aux turbulences de mai 68. De bon augure donc.
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Une saison au Congo. Du 14 mai au 7 juin à 20h (les dimanches à 16h), au TNP (Villeurbanne).