Glu d'Irvine Welsh : last exit to Edimbourg

RENCONTRE. Auteur culte de la Chemical Generation après la sortie de Trainspotting, Irvine Welsh nous replonge au cœur de la banlieue d'Edimbourg, dans un nouveau roman social brutal et pourtant si familier. Le Sunday Times a un jour écrit à son propos qu'il était "la meilleure chose qui soit arrivée à la littérature britannique depuis des décennies".

Irvine Welsh nous revient en février avec Glu, un roman écrit en 2001, mais tout juste traduit dans nos contrées. Une publication tardive qui fait écho au bon accueil reçu par Porno (2008), la suite directe de son œuvre phare : Trainspotting, dont l'adaptation cinématographique a mis un coup de projecteur sur la carrière de l'auteur écossais.

Avec Glu, retour dans la banlieue d'Edimbourg. Mêmes quartiers, même narration, même humour, même sauvagerie urbaine... Welsh nous entraîne dans un véritable roman d'apprentissage qui fleure bon la sueur et le foutre, à travers le destin de quatre copains élevés sur les vestiges d'un monde ouvrier détruit par les années Thatcher. Entretien.

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Lyon Capitale : Même quartier, même milieu populaire, même difficultés à s'intégrer, parfois mêmes personnages. Qu'est-ce qui différencie
Glu de Trainspotting ?
Irvine Welsh : Dans Trainspotting, le récit tourne autour de l'héroïne. C'est une bande d'amis qui est imprégnée de cette culture. Glu parle simplement d'une longue amitié entre des hommes qui viennent de la banlieue d'Edimbourg.

Cette banlieue d'Edimbourg est un personnage à part entière dans vos romans. Qu'est-ce qui la rend pourtant si universelle ?
C'est une ville un peu comme toutes les autres. Centre embourgeoisé sous haute sécurité pour faire face à un marché touristique international. On préfère dépenser beaucoup d'argent là-bas, plutôt que pour des installations sociales en zones périphériques où vit la classe ouvrière.

La musique et les drogues semblent être un élément capital des époques que vous décrivez...
Je pense que le type de musique reflète beaucoup la société dans laquelle nous vivons. En ce moment, il y a beaucoup d'insécurité. Les gens sont paumés et se plaignent. Voilà comment on en arrive à écouter Coldplay... Les drogues sont également le miroir de différentes périodes. Le speed pour la période punk, l'ecstasy pour l'acid house, ou l'héroïne pour le chômage et le désespoir.

Vous semblez particulièrement apprécier la figure de l'ordure. Elle est récurrente dans vos romans.
Je suis intéressé par le comportement des gens qui se trouvent déjà dans des situations marginales vis-à-vis de la société. Des gens qui prennent de mauvaises décisions et qui se foutent encore plus dans la merde. Donc les salauds ne m'intéressent pas en soi. Ce qui m'intéresse, c'est comment, avec une marge de manœuvre limitée, ils sont amenés à le devenir.

Vos détracteurs vous reprochent une certaine violence. Vous fixez-vous quelques limites ou vous placez-vous sciemment dans la transgression ?
J'essaie de ne pas me limiter en tant qu'écrivain, mais je ne m'éloigne pas de mon chemin avec la volonté de transgresser. Tout tourne autour des personnages et de l'histoire. C'est cela qui va déterminer le niveau de violence. Sinon, cela ne peut pas fonctionner au niveau littéraire.

Vous n'êtes pas toujours tendre avec le genre humain. Danny Boyle a d'ailleurs donné une touche d'optimisme à l'adaptation de Trainspotting en laissant "choisir la vie" à son héros à la fin de son adaptation. Une notion qui n'était pas présente dans le roman...
La fin de Danny est une fin catholique, la mienne est calviniste.

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Glu, Irvine Welsh. Editions Au Diable Vauvert.

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