La ville de Lyon lance une expertise juridique pour faire évoluer le modèle juridique de la halle Tony-Garnier. Pour le moment, aucune hypothèse n’est exclue, y compris une vente même si cette option n’est pas privilégiée par la ville. Le but : réagir à l’arrivée de la future Arena de l’Asvel, concurrente directe de la Halle dans les années à venir.
Lieu emblématique et atypique du paysage culturel lyonnais, la halle Tony-Garnier pourrait évoluer dans les années à venir. Pas de crainte pour les férus d'architecture, ces anciens abattoirs réhabilités dans les années 1980 puis début 2000 dans leur forme actuelle ne devraient pas bouger d'un iota. Seule la forme juridique du lieu est concernée. Actuellement, la Halle est gérée sous la forme d'un établissement public de coopération intercommunale (EPCI). Un statut “peu souple”, selon son directeur. “En termes de comptabilité publique, explique Thierry Téodori, c'est très lourd d'un point de vue opérationnel et en décalage avec les besoins du monde culturel. Il faut donc réfléchir à une forme juridique plus souple.” Pour définir le nouveau mode d'organisation, une expertise juridique de type AMO (assistant à maîtrise d’ouvrage)sera lancée le mois prochain, pour un résultat rendu cet été. Elle aura pour objectif de “dresser un tableau très large de toutes les possibilités juridiques, avec leurs coûts et leurs avantages, pour prendre une décision qui pourrait être un maintien du statut actuel ou une évolution”, annonce Loïc Graber, l'adjoint à la culture du maire de Lyon.
Vente ou pas vente ?
La ville “n’exclut aucune hypothèse pour le moment”, ajoute Loïc Graber. Une vente des lieux fait donc partie des possibilités, même s’“il n'y a pas chez nous de volonté de vendre”, assure Jean-Yves Sécheresse, qui préside le conseil d'administration de la halle Tony-Garnier. Pour l’adjoint à la Sécurité, “entre une gestion municipale qui serait une régression et une vente du lieu, il y a un ensemble de solutions juridiques auxquelles il faut réfléchir”. “On est actuellement sur un montage atypique, le seul en France pour une salle comme la nôtre, et peut-être que c'est un autre montage, tout aussi atypique, qui sortira de la consultation”, abonde Thierry Téodori. Avec 115 événements organisés l'an passé, 5 millions d’euros de chiffre d'affaires et des bénéfices qui oscillent entre 200 000 et 400 000 euros par an, “il n'y a pas d'urgence à prendre une décision, mais il est urgent de prendre en compte les évolutions de ce marché”, assure Jean-Yves Sécheresse.
Vers une concurrence des grandes salles ?
Pour le moment, la Halle est la seule salle de l'agglomération apte à recevoir des concerts de plus de 4 000 spectateurs. Mais l'arrivée prochaine de l'Arena de l'Asvel “pourrait perturber l’écosystème culturel local”, déplore Jean-Yves Sécheresse. On ne sait pas bien encore quand sera livré le complexe du club de basket, annoncé “à l'horizon 2020” il y a deux ans, mais cette concurrence a poussé les élus lyonnais à réagir. “En tant que vaisseau amiral, la Halle est aussi respectueuse de l'environnement culturel lyonnais. Elle ferme par exemple en juillet-août pour ne pas concurrencer les festivals d'été. Elle profite d'ailleurs de cette période pour faire des travaux. Ce qu'il faut savoir, c'est que toute évolution du type de programmation ou de la jauge d'une salle a des conséquences sur les autres lieux et fragilise l'écosystème. Et l'arrivée d'une nouvelle salle se ferait au détriment des autres. Alors que la halle Tony-Garnier a un devoir de solidarité avec les plus petites salles”, développe l'adjoint à la sécurité ce jeudi dans les bureaux de l’hôtel de ville. “Il n'est donc pas question pour nous de tout déstabiliser”, précise Loïc Graber, coupant visiblement court à une potentielle vente. “Si la salle est gérée par une entreprise, sa préoccupation pour cet écosystème ne serait pas la même qu'actuellement”, lui a répondu dans le même sens Jean-Yves Sécheresse. Les acteurs du secteur essaient pourtant déjà de se placer : “Tous nous ont déjà contactés, confie le directeur de la Halle, pour nous dire qu'ils étaient très intéressés par la gestion de la salle.”