Henri Castella

Henri Castella : mort d’un honnête homme, immense peintre

Né en 1924, homme et peintre farouchement libre et libéré des contraintes, Henri Castella est mort à 93 ans à la Croix-Rousse, où il a toujours vécu.

Le peintre Henri Castella (1924-2017) © Anaïs Chaine

© Anaïs Chaine
Henri Castella (1924-2017).

Jusqu’au bout de sa vie, il a peint ; comme pendant pratiquement soixante-dix ans. Des papiers de 120 cm par plus, qu’il stockait méticuleusement, en piles parfaitement rangées… sur lesquelles il lui arrivait de dormir tant son train de vie était frugal et frôlait l’ascétisme, voire la misère. Henri Castella les laissait infuser dans sa mémoire pour, un jour de manne financière, les ressortir, les assembler, puis les maroufler sur des toiles sans cadre.

Il peignait directement au sol, pour que son kraft absorbe mieux sa “cuisine” fluide, l’acrylique, ainsi que ses pigments et secrets alchimiques. Sans remord. D’instinct et de savoir. Toujours en mouvement. Dans l’amour et la science de la fluidité, des tracés, drippings et taches ; du calme aux chaos.

D’impressions de Giverny et de nymphéas à l’énergie de Pollock, en tutoyant Bazaine, Bissière ou Manessier, les toiles imposantes, vivantes, vibrantes et mystérieuses d’Henri Castella s’imposent. Subtiles, elles respirent la liberté, l’effervescence, le foisonnement et le lyrisme. L’homme pouvait virer de chez lui des galeristes, collectionneurs et autres ne lui convenant pas.

Henri Castella © Anaïs Chaine

© Anaïs Chaine
Henri Castella.

Sa peinture flamboyante ne raconte pas de petites histoires. Elle exprime un besoin, une urgence, l’engagement de toute une vie, une action, un passage. Pourtant : pas une toile dans les lieux institutionnels de la région de ce peintre aussi immense qu’ignoré… mais reconnu par ses pairs. On attend une juste reconnaissance.

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