Dans le cadre du projet “One, two... street art !”, l’association Little Beaux-Arts s’apprête à offrir neuf toiles aux services pédiatriques de plusieurs hôpitaux. Une des toiles, la Nativité de Don Mateo, a été refusée par l’hôpital Femme-Mère-Enfant, sous prétexte qu’elle ne respectait pas le principe de laïcité.
Faire entrer l’art dans les hôpitaux et permettre aux enfants de s’initier au street art, l’initiative est louable. Neuf toiles d’artistes urbains ont été sélectionnées par l’association Little Beaux-Arts, pour être accrochées au sein des services pédiatriques des hôpitaux de Lyon. L’hôpital Femme-Mère-Enfant inaugurait hier le tout premier accrochage de deux toiles. Louise Albon et Don Mateo, les deux artistes concernés, devaient se rendre la journée auprès des enfants pour leur faire découvrir leur métier et leur passion. Seulement, sous couvert de laïcité, la direction des HCL a décidé que l’œuvre de Don Mateo, intitulée La Nativité, ne serait finalement pas exposée. Une décision qui laisse l’artiste perplexe.
“On s’octroie le droit de dire ce qui est bien ou non”
Contacté par Lyon Capitale, l’hôpital Femme-Mère-Enfant explique sa décision en ces mots : "Dans cette toile, il y a clairement des codes qui font référence à l’Église catholique. Il faut que l’on soit cohérent avec ce qu’on explique dans nos services, c’est-à-dire qu’il ne doit pas y avoir de signes distinctifs de religion." Mieux vaut prévenir que guérir, c’est sans doute ce que s’est dit la direction des HCL en préférant ne pas exposer la toile. Pour l’artiste de rue Don Mateo, la décision est difficile à comprendre : "Si l’œuvre avait posé problème au sein de l’hôpital, qu’elle avait dû être enlevée à cause de débats, ça n’aurait pas été la même chose. C’est l’anticipation qui pose problème." L’œuvre en question, avec plusieurs autres, a été exposée du 16 septembre au 8 novembre rue Grôlée, dans le cadre du projet “One, two... street art !” de Little Beaux-Arts. Selon l’association, plus de 9 000 visiteurs, dont 2 000 enfants ont pu apprécier l’œuvre, sans qu’aucune réclamation soit portée. "Des enfants, accompagnés par des guides, ont pu voir l’œuvre. Si elle avait posé un problème, les parents auraient immédiatement alerté sur la situation", relève Don Mateo, qui regrette que certains "s’octroient le droit de décider de ce qui est bien ou non pour les autres. Finalement, c’est de la censure." Parallèlement, l’artiste craint que le refus de la toile soit lié à une autre problématique, celle d’un homme portant un enfant.
Aseptiser la société
Sur la toile, c’est un homme tatoué qui berce l’enfant. Mais HFME est formel, ce n’est que le caractère religieux qui dérange. Plus largement, les artistes sont de plus en plus confrontés à ce genre de problématique. "On ne fait plus confiance aux artistes. Quand on réalise une fresque, par exemple, il y a toujours quelqu’un qui se permet d’intervenir, de donner son avis. Tout ça participe à l’aseptisation de la société, et quelque part c’est prendre les gens pour des idiots en ne leur permettant plus de réfléchir par eux-mêmes", déplore Don Mateo. Quant à la toile refusée, Little Beaux-Arts la proposera à d'autres hôpitaux, afin de mener à bien son projet à destination des enfants.
il serait juste de connaitre les noms de ces décideurs, je doute fort qu'il aient le courage d'assumer leur censure