Vue de l’exposition “Hugo Pratt – Lignes d’horizons”, au musée des Confluences © Manon Heckmann
Vue de l’exposition “Hugo Pratt – Lignes d’horizons”, au musée des Confluences © Manon Heckmann

Hugo Pratt au musée : de la bande dessinée à l’ethnographie

Le musée des Confluences nous fait découvrir cette année l’univers du dessinateur italien. Avec une exposition de planches bien sûr, mais aussi d’objets des collections du musée que l’on croirait tout droit sortis de ses albums et des aventures de Corto Maltese.

De grandes voiles blanches, le bruit des mouettes et de lointains roulements de tambour. Il n’en faut pas plus au visiteur pour s’imaginer aux côtés de Corto Maltese, naviguant vers des terres inconnues. Dans une ambiance tamisée, la scénographie du musée des Confluences met en valeur par ses jeux de lumière des planches et des dessins à l’aquarelle signés Hugo Pratt. Influencé par l’auteur de comics américain Milton Caniff, l’auteur italien s’est inspiré de ses nombreux voyages mais aussi du cinéma hollywoodien pour dessiner les aventures de Corto Maltese. Apparu dès 1967 dans La Ballade de la mer salée, celui-ci s’est rapidement fait connaître en France grâce à l’hebdomadaire Pif Gadget et il est désormais considéré comme un mythe littéraire à lui tout seul.

Géographie prattienne

Tout au long de ses aventures, Corto Maltese a découvert sous la plume de Pratt des îles secrètes et des pays lointains. Ce sont ces différents “horizons” que le musée des Confluences met en lumière. Dans un univers mystérieux, des objets ayant appartenu à des civilisations anciennes côtoient leur version BD. Le souci du détail et la précision du dessinateur ont impressionné les spécialistes : Hugo Pratt incluait dans ses planches des objets ethnographiques reproduits avec une fidélité remarquable. À l’entrée de l’exposition, un navire du xixe miniature, en version dessinée ; au détour d’un couloir, une statue olmèque avec laquelle Corto Maltese converse dans sa dernière aventure ; plus loin, de véritables boomerangs aborigènes s’échappent d’une case agrandie… Hugo Pratt joue avec la réalité et mêle les civilisations et les époques. Au centre de l’exposition, une table interactive donne à voir la géographie prattienne, mélange de géographie réelle et de l’imagination de l’auteur. Lors de notre visite, des adolescentes, ravies, s’amusaient à faire scintiller tantôt l’île Escondida, tantôt le royaume englouti de Mû, sous les regards envieux d’un groupe de retraités.

“De la féerie, de la poésie” et du documentaire

L’exposition est très interactive et ravira petits et grands. Pour plonger en douceur dans l’univers de Corto Maltese, une petite salle garnie de poufs retrace les aventures du marin avec des jeux d’ombres et de lumières. “Il y a de la féerie, il y a de la poésie, c’est beau !” s’émerveille une fan de longue date pendant que des enfants regardent bouche bée le spectacle. L’exposition fait le bonheur des connaisseurs, telle Inès, 20 ans : “À la maison, on connaît tous Corto Maltese et avec les jeux de lumière, l’expo est vraiment trop belle !” Avant de sortir, un documentaire projeté dans une alcôve permet à ceux qui viennent de le découvrir d’en apprendre plus sur la vie bien remplie de son auteur, tandis que les albums mis à disposition convertissent de nouveaux fans.

Hugo Pratt – Lignes d’horizons. Jusqu’au 24 mars 2019, au musée des Confluences.

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