Il se dit bientôt à la retraite mais reste toujours aussi actif, et saignant. Manuel Pratt est à l’espace Gerson tous les mardis jusqu’à fin novembre. Premier mardi dédié à l’humour noir ce 2 octobre.
C’est l’un des plus irrésistibles humoristes de la scène française. Une assertion qui paraîtra sans doute exagérée à ceux qui mesurent le talent à l’aune de la notoriété. En effet, Manuel Pratt, s’il s’est construit un public de fidèles qui ne rateraient pour rien au monde l’un de ses passages sur scène, ne jouit pas d’une célébrité équivalente à son talent. Mais il est si incontrôlable qu’il est banni des émissions de radio et des plateaux de télé depuis des décennies, de ces espaces médiatiques pourtant indispensables à tout humoriste qui veut toucher un large public. Ce qui n’est pas le cas de Manuel Pratt qui, on l’a vu à plusieurs reprises, se réjouit lorsque des spectateurs, outrés par ses provocations les plus trash, quittent la salle. Aussi, lorsqu’il vient à Lyon, ce n’est pas à la Bourse du Travail ou dans une “grande” salle, mais à l’espace Gerson.
No limit
Quand il ouvre la bouche, lorsque s’amorce son débit de mitraillette, impossible de lui résister : on est médusé, happé par tout ce qu’il raconte. Manuel Pratt est passé maître dans l’art d’aller trop loin. Passé les bornes, c’est “no limit”. Raison pour laquelle on ne le voit pas sur le petit écran, où la provoc’ est en toc, où même l’insolence est soigneusement calibrée. Qu’importe !
Fidèle parmi les fidèles, Manuel Pratt sera présent au festival d’humour organisé par l’espace Gerson la semaine prochaine. Mais il est aussi à l’affiche du même espace Gerson tous les mardis pendant deux mois avec sa Valse des hyènes. Dans cet opus, l’un de ses meilleurs, il raconte son enfance, son adolescence, sa vie intime de petit juif élevé dans une école catholique, entre un père ancien d’Algérie et une arrière-grand-mère obsédée par les camps de la mort. La découverte de l’amour, les vols avec ses amis gitans… et tout le reste.