À 90 ans, Alain Rey milite pour la francophonie, plaide pour que l’école enseigne aux enfants à parler correctement avant de leur apprendre à lire, encense la langue des banlieues et s’amuse à slamer avec Big Flo & Oli. Entretien avec un grand du Robert.
Originaire de Pont-du-Château, dans le Puy-de-Dôme, où une médiathèque porte son nom, cet éminent spécialiste des mots et de leur histoire, conseiller éditorial du Robert, est l’un des plus grands techniciens de la langue française. À l’occasion de la publication de son quarantième ouvrage, un petit livre qui décortique avec humour et tendresse des expressions sur nos émotions*, Alain Rey nous a reçus chez lui, dans le 9e arrondissement de Paris, au rez-de-chaussée d’un hôtel particulier de la Nouvelle-Athènes – haut lieu du romantisme qui abrita écrivains, artistes et peintres, tels Alexandre Dumas, George Sand, Chopin, Paul Gauguin ou Eugène Delacroix. À 90 ans, celui qui ambitionne de faire du dictionnaire “une fenêtre sur l’histoire” milite pour la francophonie, “notre héritage historique”, plaide pour que l’école enseigne d’abord aux enfants à parler correctement avant de leur apprendre à lire, encense la langue des banlieues – “preuve d’une incroyable créativité” –, empêche les mots de mourir et s’amuse même à slamer avec le youtubeur Squeezie et les rappeurs Big Flo & Oli.
Lyon Capitale : Êtes-vous une grande gueule ? Alain Rey : Non, je ne pense pas. Dans le métier que je fais, il faut savoir être modéré, être à l’écoute, pondérer ses propos. Mais c’est parfois nécessaire pour rétablir certaines vérités. Quel genre de vérités ?

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