Lyon Capitale n°158
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Il y a 20 ans : le Rhône s'attaque à la violence scolaire

IL Y A 20 ANS DANS LYON CAPITALE – La lutte contre le harcèlement et la violence à l'école est un chantier de longue date. Dès 1998, le ministère de l'éducation nationale décide de s'attaquer au sujet, et choisi des établissements lyonnais pour expérimenter un plan de prévention.

Lyon Capitale n°158, 11 février 1998, © Lyon Capitale

A l'école, la naïveté et l'innocence des enfants s'accompagne parfois d'élans de cruauté. Bien souvent sans intention malveillante, elle n'en est pas moins traumatisante pour ses victimes. Entre les jeux dangereux, les insultes ou les rackets, le gouvernement de 1998 juge nécessaire d'intervenir dans les établissements scolaires pour éliminer les déviances. S'engage alors une grande campagne de prévention, menée de front par un partenariat entre police et éducation nationale. Si des projets similaires ont déjà vu le jour par le passé, celui de 1998 se différencie par son ampleur. En effet, plus de 500 contrats d'aides-éducateurs sont affectés dans les établissements du département.

Lyon Capitale n°158, 11 février 1998, p.13 © Lyon Capitale

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Un article de Lyon Capitale n°158 paru le mercredi 11 février 1998, signé par Aude Spilmont.

Le Rhône s'attaque à la violence scolaire

Le ministre de l'Education nationale, Claude Allègre, a mis en chantier un plan interministériel de Lutte contre la violence en milieu scolaire. 9 sites expérimentaux ont été choisis en France dont l'académie de Lyon. Sur te département près de 500 aides-éducateurs et plus de 20 personnels de santé ont été affectés dans les écoles, collèges et Lycées du sud-est Lyonnais. Un déploiement de moyens humains, associé à un partenariat avec la police, la gendarmerie et la justice.
Insultes, jeux de cache-cache avec les surveillants, jets de pierre, détérioration de matériels, rackets, bousculades, comportements bruyants, mutismes volontaires... Face à [a montée des problèmes sociaux, les établissements scolaires ne sont pas épargnés par un climat d'insécurité. "Nous sommes rarement touchés par des actes de violence graves. Mais par des gestes répétés, des petites provocations qui tendent à user la vie quotidienne", explique Jean-Paul Salvador, principal du collège Alain à Saint-Fons. Depuis la rentrée scolaire 1997, dans cet établissement, autrefois réputé comme un des plus difficiles de l'agglomération lyonnaise, on multiplie les actions de prévention pour lutter contre les incivilités en tout genre. "Il ne s'agit ni de dramatiser ni de banaliser la situation mais d'instaurer davantage de dialogue avec les élèves et les familles", souligne Jean-Paul Salvador. Ainsi, lorsqu'un -jeune pose problème, il est individuellement pris en charge par un membre de l'équipe éducative. Les liens avec les associations de quartier ont, par ailleurs, été renforcés, notamment par une aide au devoir dans les centres sociaux. Autant d'actions aujourd'hui facilitées par la mise à disposition de 9 aides-éducateurs supplémentaires au sein du collège. En novembre dernier, Claude Allègre, le ministre de l'Education nationale, mettait, en effet, en chantier un plan interministériel de lutte contre la violence en milieu scolaire. 9 sites expérimentaux ont été choisis en France dont l'académie de Lyon qui vient de dresser un premier bilan du déploiement des moyens mis à sa disposition. La zone d'intervention dans le département s'étend sur l'est de ['agglomération lyonnaise, de la Duchère à Bron, et sur le secteur Givors-Grigny. Elle concerne 190 établissements scolaires (10 lycées, 35 collèges et 145 écoles élémentaires) et plus de 50 000 élèves. "Il ne s'agit pas de faire du saupoudrage lorsqu'on souhaite s'attaquer à la violence en milieu scolaire mais de concentrer nos efforts. C'est la condition indispensable pour inscrire notre action dans l'efficacité et la durée", précise Daniel Bancel, recteur de l'académie de Lyon. L'embauche de personnel supplémentaire n'est pas une méthode nouvelle mais il semblerait que l'éducation nationale mettent aujourd'hui le paquet. Près de 500 aides-éducateurs, en contrat emplois-jeunes, ont été affectés dans les établissements du site expérimental et 9 postes de conseillers principaux d'éducation ont été créés.

Partenariat école-ville-justice

Le plan interministériel de lutte contre la violence en milieu scolaire s'appuie également sur des contrats locaux de sécurité dont les premiers ont été signés à Saint-Priest et Givors. Ils supposent un partenariat entre la justice, la gendarmerie, la police et l'éducation nationale. Un comité de vigilance, composé de représentants des différentes institutions, est chargé de repérer les difficultés rencontrées sur la commune et de coordonner les actions à mener. ''Ces contrats devraient notamment permettre d'améliorer la sécurité autour des établissements scolaires. A Saint-Priest, par exemple, il a été décidé de modifier les horaires de transport scolaire pour éviter des attroupements prolongés à la sortie des écoles', précise le recteur de l'académie de Lyon, Daniel Bancel. Dans le cadre du plan asti-violence, les classes-relais, destinées aux élèves en voie de marginalisation, pourraient aussi être renforcées. Il existe déjà deux structures de ce type dans le Rhône. Ainsi, le collège Henri-Barbusse de Vaulx-en-Velin a mis en place un "Sas" qui permet la prise en charge, à l'intérieur de l'établissement d'un élève exclu des cours. Une solution qui évite le conseil de discipline et privilégie la prise en charge individuelle des élèves par un aide-du-capteur et les enseignants. Une classe-relais fonctionne également à Villeurbanne. Ce Dispositif de socialisation et d'apprentissage (DSA) accueille des jeunes en difficulté en provenance de différents établissements scolaires de l'agglomération lyonnaise. Retirés provisoirement de leur collège sur décision de représentants de l'éducation nationale et de la Protection judiciaire de la jeunesse, ces élèves sont suivis pour une durée moyenne de trois mois par une équipe spécialisée. Cette école a pour but de réinsérer progressivement les jeunes en difficulté dans le système scolaire. 80 % d'entre eux regagnent, en effet, leur établissement. L'originalité de ce programme réside ainsi dans la concentration des moyens. Il vise également à apporter des réponses immédiates pour lutter contre la violence scolaire, tout en poursuivant un travail de prévention sur le long terme. Reste cependant à savoir si les actions entreprises seront de nature à enrayer nettement la montée des incivilités dans les établissements scolaires. Afin d'évaluer l'efficacité de ce plan un observatoire doit prochainement être mise en place dans l'académie pour une durée d'un an. Il sera épaulé par le centre Michel-Delay, pôle de formation et de recherche rattaché à l'IUFM.

Le volet médico-social

Dans le cadre du plan de prévention de la violence, 27 postes d'assistantes sociales, 18 postes d'infirmières et 5 postes de médecins vacataires ont été créés. "Il s'agit également d'apporter des réponses médico-sociales aux difficultés rencontrées dans les établissements scolaires", souligne le recteur de l'académie de Lyon, Daniel Bancel. D'abord expérimenté sur les secteurs de Bron et de Sainte-Foy-l'Argentière, le projet Santé sociale pilote, mené en partenariat avec le conseil général du Rhône, va être étendu à l'ensemble du site expérimental de lutte contre la violence en milieu scolaire. Il a pour objectif de promouvoir la santé physique et mentale de tous les jeunes scolarisés. A terme, chaque établissement de la zone d'intervention devrait avoir en permanence un référent santé.
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