Lyon Capitale n°157
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Il y a 20 ans : Lyon joue le tiercé culturel

IL Y A 20 ANS DANS LYON CAPITALE – Début 1998, les villes de Lyon, Turin et Genève s'associent pour porter une candidature au titre de "Ville européenne de la culture".

Lyon Capitale n°157, 4 février 1998, © Lyon Capitale

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Le titre existe depuis 1985, même s'il a depuis changé de nom. Aujourd'hui, l'Union Européenne récompense la ville retenue du titre de "Capitale européenne de la culture". En 1998, les trois villes du Diamant Alpin s'unissent dans le projet pour mettre en valeur les liens entre "travail et culture". Outre la géographie, Lyon, Turin et Genève se rapprochent également par leur histoire industrieuse. Imprimerie et soierie lyonnaise, horlogerie genevoise et cinéma turinois ont teinté les villes d'un entrelacement entre esthétisme et technologie. Prévue pour le concours de 2002, la candidature ne sera finalement pas retenue. Cette année-là, ce sont Salamanque l'espagnole et Bruges la Belge qui remporteront le titre.

Lyon Capitale n°157, 4 février 1998, p. 10 © Lyon Capitale

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Un article paru dans Lyon Capitale n°157 le mercredi 4 février 1998, signé par Anne-Caroline Jambaud

Lyon joue le tiercé culturel

Horlogerie, soierie, design. Derrière leur image de villes industrieuses, Genève, Lyon et Turin cachent une forte identité culturelle, en partie liée à leur laborieux passé. C'est donc sur le thème des relations entre culture et travail qu'elles ont naturellement décidé de s'associer. Les trois villes du Diamant Alpin préparent ainsi un passionnant projet de candidature au titre de "Ville européenne de la culture" en 2002.
Alors que la Ville de Lyon donne parfois sérieusement l'impression de patiner, certains dossiers réussissent quand même à avancer tandis que d'excellentes idées prennent parfois forme. C'est le cas du projet de candidature conjointe de Genève, Lyon et Turin au titre de "Ville européenne de la culture", une initiative originale, stimulante pour l'esprit et riche de perspectives. Décerné depuis 1985 par la Communauté Européenne, ce titre purement honorifique couronne pour un an un projet européen innovant fondé sur la coopération culturelle. Rien de spectaculaire là-dedans : il n'y a sûrement pas de G7 culturel à la clé, à peine quelques retombées touristiques espérées. Plus intéressant, ce projet implique un travail de fond à même de lier durablement les destinées culturelles des trois villes pour l'instant associées de façon informelle au sein du Diamant Alpin depuis 1987. Certes, des coopérations significatives existent déjà. Le Grand théâtre de Genève et l'Opéra national de Lyon s'associent régulièrement à l'occasion de co-productions tandis qu'une billetterie informatisée reliant les trois villes permet de réserver depuis Lyon pour un spectacle à Genève ou, pour ceux que 3h30 de route n'effraient pas, à Turin. La bibliothèque de Lyon accueille des expos réalisées par le voisin suisse, comme récemment l'expo sur les journaux intimes, tandis que le TJA reçoit la compagnie genevoise Am Stram Gram et le théâtre Les Ateliers s'unit à des confrères turinois et genevois pour les spectacles de Gérard Guillaurnat. De même, le théâtre de la Croix-Rousse donnera carte blanche la saison prochaine au directeur du théâtre de Saint-Gervais en Suisse pour le choix de 4 ou 5 compagnies accueillies à Lyon. Les Villes ont encore de nombreux projets de ce type en réserve, notamment dans le domaine des arts plastiques. La préparation de leur candidature groupée est l'occasion de les faire basculer dans le concret. Elle permet également d'engager une passionnante réflexion sur l'héritage et les traits d'identité communs aux trois villes. Le genre de discussion qu'on ne prend pas forcément le temps d'engager quand on n'est pas motivé par un projet concret.

Un thème identitaire fort : la culture et le travail

C'est ainsi que les trois villes ont déterminé progressivement un thème identitaire fort, partagé par toutes trois : les relations entre culture et travail. Dans ces villes industrieuses, subtilement pénétrées d'éthique protestante, le travail revêt souvent en effet une dimension esthétique. "La vocation industrielle et technologique des trois villes unit profondément l'art au travail et caractérise leur développement culturel où s'entrelacent esthétique et technologie", explique l'adjoint à la Culture de la ville de Lyon Denis Trouxe. Les exemples abondent : l'imprimerie et la soierie à Lyon, l'horlogerie à Genève ou le cinéma et le design à Turin... D'ordinaire, ils nourrissent des sujets de thèse ; il est bien que les politiques s'en emparent également. Dans un courrier récent, Denis Trouxe a informé le ministre de la Culture Catherine Trautmann du projet de candidature des trois villes ; ce sera ensuite à l'Etat, s'il le juge souhaitable, de proposer en 1999 (en vue de 2002) cette candidature à la Communauté européenne au nom de la France. De son côté, l'Italie peut faire de même pour Turin. Evidemment, il y a fort à parier que Lyon ne sera pas la seule ville de l'Hexagone à faire acte de candidature. On murmure déjà que Lille est sur les rangs, avec un projet similaire d'associations entre villes, comme si c'était une fatalité, après la candidature aux JO de 2004, de retrouver systématiquement la ville du Nord en concurrence avec Lyon. Mais le projet du Diamant Alpin a de nombreux atouts, et notamment son originalité. C'est en effet le premier projet à fédérer un réseau de villes partenaires unies à leur région, Piémont, Canton de Genève et Région Rhône-Alpes. Présenté par Régis Neyret au conseil international de Lyon le 23 janvier dernier, ce préprojet de candidature doit désormais donner lieu à un gros travail de préparation et de consultation, afin d'élaborer un plan de financement, de favoriser l'émergence de projets concrets et de susciter une vraie mobilisation populaire autour de ce projet fédérateur.
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