L’anniversaire est passé inaperçu, pourtant, il reste incontournable. Il y a 703 ans, la ville de Lyon devenait française après le traité de Vienne du 10 avril 1312.
Située à un carrefour européen majeur, mais aussi sur une frontière naturelle, le Rhône, Lyon change souvent de royaume ou d'Empire. Burgonde dans un premier temps, elle passe dans le royaume Franc en 534, la Lotharingie, la Francie, la province, le royaume de Bourgogne puis le Saint-Empire Romain Germanique en 1032. Au XIIe siècle, la gloire romaine a disparu depuis longtemps. Dans ce contexte, Guy II, comte de Forez, et l’archevêque, Héracle de Montboissier, se battent pour la domination de la cité. Cette dernière attise les convoitises par sa position géographique. L’empereur Frédéric Ier Barberousse tente de mettre fin au conflit en 1157, accordant tous les droits à l’archevêque. Guy II résiste pendant un temps, avant de retourner définitivement à ses terres en 1173.
Les graines des futures contestations sont alors semées : l’Église toute puissante, l'archevêque et les chanoines, membres puissants du clergé à Lyon, dominent la ville et la justice. L'archevêque dispose de son tribunal et de sa prison et charge le Sénéchal de rendre justice. La bourgeoisie n’a pas d’autre choix que de courber l’échine. Mais elle ne peut se résigner à se soumettre totalement et les tensions vont rapidement apparaître. En 1208, l’église rétablit un impôt taxant les denrées vendues dans la ville. Outragée, la bourgeoisie se rebelle et obtient gain de cause. Régulièrement, elle va s’imposer comme un contre-pouvoir.
La colère de la bourgeoisie
De 1267 à 1320, la vie lyonnaise est marquée par les affrontements récurrents entre l’archevêque, les chanoines et la bourgeoisie. Des éléments extérieurs à la ville vont tenter de profiter de ces antagonismes avec plus ou moins de succès. Ainsi. Philippe Ier de Savoie pose ses pions et comprend qu’il doit être en bon terme avec la papauté. En 1244, il protège ainsi le pape se rendant à Lyon. Un an plus tard, Philippe Ier devient archevêque de la ville, mais doit renoncer à la fonction en 1267 pour devenir comte de Savoie. Le lointain évêque d’Autun assure l’intérimaire. Cette vacance du pouvoir va être saisie par la bourgeoisie, frustrée des exactions des chanoines qui font emprisonner les leurs. Des affrontements éclatent un premier temps en 1267, avant de s’arrêter subitement faute d’organisation. Les braises ardentes couvent pourtant toujours. En 1269, les bourgeois se soulèvent contre les chanoines de Saint-Jean. Au cri de "Avant ! Avant ! Lyon le melhor", ils occupent le pont de Saône, font fuir les chanoines jusqu’au du chapitre de Saint-Just, l’assiège sans parvenir à le prendre. Les chanoines utilisent alors la seule arme à leur disposition : l’excommunication. Ce ne sont pas quelques mots qui vont arrêter les bourgeois : ils pillent, incendies sur les terres de l’Église dans les environs de Lyon. Durant neuf mois, le chaos est total. Il faudra attendre l’arbitrage entre le roi de France et le Pape en 1270 qui exigent un retour au statu quo pour faire cesser les incidents. La décision soulève une nouvelle fois la question de la justice. À qui incombe ce privilège, le roi de France, l’archevêque ?
La récupération de Lyon dans le Royaume de France
L’arrivée du roi de France Philippe le Bel en 1292 dans le jeu, va faire pencher la balance. Une nouvelle fois confrontée aux chanoines qui prennent part à la justice, la bourgeoisie fait appel à lui pour protéger la cité. Il ne peut rater cette occasion qui lui permettrait d’asseoir son pouvoir dans la ville de Lyon qui appartient toujours au Saint-Empire Romain Germanique. Il prend donc la ville sous sa protection et pour contrer le pouvoir des chanoines et de l’archevêque met en place un gardiateur pour défendre les bourgeois. Il leur permet également de s’organiser comme ils le souhaitent. Loin d’être totalement acquis à la cause de la bourgeoisie, Philippe le Bel va utiliser toute sa sagesse et sa diplomatie pour ménager les acteurs de la vie publique lyonnaise ainsi que la papauté. En 1307, l’archevêque Pierre de Savoie n’a pas d’autre choix que de se soumettre et le gardiateur est maintenu, mais la bourgeoisie est exclue de l’accord. Pierre de Savoie tente alors d’en profiter et de lever le peuple contre le roi de France. En 1310, le fils de Philippe le Bel, Louis, arrive à Lyon à la tête d’une armée et arrête Pierre de Savoie. Le 10 avril 1312, Lyon est annexée et rentre dans le Royaume de France grâce au traité de Vienne. L’archevêque renonce à ses pouvoirs, mais conserve le château de Pierre Scize, son palais ainsi que quelques privilèges, en échange d’une rente. Tout n'est pas encore acquis pour les riches Lyonnais. Il faudra encore attendre huit ans et la "charte Sapaudine" du 21 juin 1320. Les bourgeois ont alors le droit de nommer douze consuls parmi leurs pairs chaque 21 décembre, pour diriger la cité. L'ancêtre de la mairie de Lyon vient de naître.
Vous vous réveillez ? il y a eu des articles dans le Progrès, des conférences au Musée Gadagne ! Vous aviez oublié votre article dans un tiroir ?!
Bonjour, nous n'avons rien oublié, il s'agit d'une version courte d'un article déjà publié dans le mensuel Lyon Capitale. Cette histoire a également été adaptée dans notre BD Histoires de Lyon Vol 2, disponible dans toutes les bonnes librairies.
ok, soyez prêts alors pour 2020 ! 🙂