Imagine Picasso, expérience artistique inédite à Lyon, sans originaux

Du 17 octobre 2019 au 19 janvier 2020, l’exposition immersive Imagine Picasso s’installe dans la ville des Lumières. L’image projetée sur des volumes "hors norme", le visiteur est invité à pénétrer l’œuvre de Picasso et à en ressentir toute la puissance. Néanmoins, aucun original n'est montré. 

Le projet de l’exposition Imagine Picasso est né d’une histoire d’amitié partagée depuis une dizaine d’années entre Annabelle Mauger, Julien Baron (deux réalisateurs) et Rudy Ricciotti (architecte scénographe). Cette exposition ne présente aucune pièce originale de Picasso mais des projections dans une nouvelle dimension : 217 œuvres du peintre projetées sur des modules aux lignes obliques.

Montrer le cheminement de l’œuvre plutôt que la cible

L’exposition propose une chronologie de l’œuvre du Picasso, des périodes bleue et rose à la période tardive de sa vie, en passant par le cubisme et le surréalisme. La réalisatrice Annabelle Mauger explique que l’ambition d’Imagine Picasso était d’ouvrir l’espace de l’émotion, du rêve et de la contemplation à tous les publics, y compris aux enfants dès 3 ans. Les visiteurs peuvent admirer le travail du peintre dans une "chaîne totale d’expérimentations" et non pas juste quelques maillons. Annabelle Mauger, Julien Baron et Rudy Ricciotti ont souhaité à travers ce projet montrer le travail exceptionnel de Picasso, montrer les articulations mais également les sauts d’une œuvre à l’autre. C’est en ce sens que les trois personnalités parlent de vouloir "montrer le cheminement plutôt que la cible".

Véritable performance technologique, Imagine Picasso épouse les 1 400 mètres carrés de la Sucrière. Les œuvres sont projetées en "image totale" sur les modules élaborés par Rudy Ricciotti, offrant un angle différent pour découvrir Picasso. Originaire des Baux-de-Provence, le concept d’image totale est créé dans les années 1970 par Albert Plécy, cherchant à sortir l’œuvre de son cadre. Plongé dans l’obscurité et guidé par l’unique lumière dégagée par les œuvres, le visiteur plonge au cœur du travail de Picasso. Androula Michael, historienne et commissaire de l’exposition, explique : "le but était de porter un nouveau regard sur les œuvres de Picasso, de les décomposer (…) Picasso disait souvent que regarder une œuvre c’était comme vivre une expérience, et c’est ce qu’on a voulu créer ici".

Une exposition  "extrêmement décomplexée"

Ce qui fait la particularité de cette exposition, ce sont les surfaces de projection : ce ne sont pas des surfaces planes comme cela a déjà pu se faire ailleurs, mais des volumes d’origami à part entière. On parle ici d’une nouvelle dimension, chaque image est ainsi sculptée et rappelle les lignes rebelles de Picasso. Pour Annabelle Mauger, c’est une exposition "formidablement différente" car la plupart du temps les œuvres sont exposées à la verticale, alors qu’à la Sucrière c’est tout le contraire qui a été fait. "On a le droit de mal accrocher les œuvres (…) les structures de Rudy permettent de supprimer la gravité, c’est quelque chose d’inédit", explique-t-elle, avant d’ajouter : "le support qui reçoit l’image est différent de celui avec lequel on a l’habitude de dialoguer donc ça fait travailler le regard".

L’expérience immersive dans sa verticalité étant impossible à réaliser à la Sucrière, Rudy Ricciotti explique qu’il a dû adapter ses modules à la hauteur de l’espace. Mais l’une des caractéristiques fortes du projet Imagine Picasso, c’est de renouveler la traditionnelle projection immersive, en étant "extrêmement décomplexés". Pour l’architecte, Picasso est célèbre donc diffuser ses œuvres c’est savoir être savant, c’est ne pas être innocent.  "On est trop habitués à voir du politiquement correct donc il faut parfois savoir prendre de la distance, on ne voulait pas de sacralité morbide en 2D, on a voulu être autoritaires avec cette expérience", explique-t-il. Pour ce qui est du choix du lieu, il explique que la Sucrière s’est naturellement imposée : aimant la culture du travail, il a voulu utiliser cet ancien entrepôt afin de montrer qu’il était possible de conserver un patrimoine industriel et en même temps lui donner une nouvelle vocation culturelle.

Très ludique, surtout pour les enfants, l'exposition aurait peut-être gagné à être plus grande. Certains pourraient avoir l'impression d'en faire vite le tour. À 13,90 euros le week-end, sans originaux à découvrir, aux visiteurs de réfléchir si cela en vaut la peine.

La Sucrière, 49-50 Quai Rambaud, Lyon 2

Tarifs : adulte 13,90€ / étudiants 11,90€ / enfants 9€ / moins de 5 ans gratuit

Horaires et réservation sur https://www.imagine-picasso.com

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