“Être queer c’est être en lutte”, dit Mickaël artiste plasticien lyonnais et activiste queer. Son arme ? La subversion et le cynisme. En juin dernier, la Galerie Néon, sur les pentes de la Croix-Rousse, accueillait l’exposition de cet ancien étudiant aux Beaux-arts de Lyon.
“In gode we trust”. L’adage féministe est écrit en rose sur une écharpe de supporter, symbole suprême de l’objet machiste. Il fallait y penser. Mickaël a aussi brodé sur fond noir toutes sortes d’insultes homophobes de couleur rose : “tantouze”, “tapette”, “salope”, “gouine”…
L’artiste s’explique : “En référence à Marcel Proust qui parle de l’injure, Didier Eribon, un philosophe intellectuel français et théoricien queer a écrit dans un livre que chaque enfant est confronté à l’injure homophobe au moins une fois : “pédé”, “enculé”, “tarlouze”… On conditionne les enfants à avoir honte de l’homosexualité. L’injure est ce qu’il y a de pire car le langage formate les esprits.” La broderie est un geste féminin et pour ce militant, “s’acharner à broder une insulte, c’est un geste de résignation, un retour sur soi. De plus c’est drôle, c’est “camp””. C’est quoi ? “Camp, c’est l’humour des folles, une façon de se décharger de l’injure et de réagir. L’écharpe “In gode we trust” est un objet camp par exemple !”.
Autre broderie : un plan du Parc de la Tête d’Or, en blanc sur fond noir. Ironie du sort, le résultat donne la forme d’un slip. “Ce parc a été un lieu de drague homosexuelle pendant de nombreuses années. Maintenant, c’est plus difficile, ça dérange.” Pourquoi un lieu public comme point de rendez-vous ? “C’est le côté fantasmagorique, la rencontre d’inconnus. C’est un peu ghettoïsant l’idée que les homosexuels doivent se retrouver dans des bars gays. La majorité n’y va pas d’ailleurs.”