Créée en 2005 et reprise en 2012, Inanna est une pièce importante pour Carolyn Carlson, comme si elle résumait tout le travail sur le féminin qui a marqué nombre de ses créations précédentes, pour trouver ici une apothéose à travers cette déesse appartenant à la mythologie mésopotamienne, qui aurait vécu 3 000 ans avant Jésus-Christ.
Déesse de la création et de la destruction, Inanna était aussi mère et prostituée, une femme aux multiples visages incarnée sur scène par sept danseuses d’origines différentes. Si le lyrisme et la poésie façonnent l’écriture de la pièce, Carlson ne nous épargne pas certaines images où la femme se trouve confrontée à la soumission masculine, à la guerre, aux enfants massacrés, à la marchandisation de son corps.
On recommande la vision sur Numeridanse.tv d’un film réalisé par Charles Picq autour d’Inanna, dans lequel la chorégraphe explique de manière sensible le travail qu’elle a mené avec ces femmes et ses réflexions sur l’état du monde qui en émanent.
Dédiée à Francesca Woodman, une jeune photographe américaine suicidée à l’âge de 23 ans, la pièce est aussi l’occasion de découvrir un extraordinaire travail qui – à travers des autoportraits et de nombreuses photos de femmes – interroge sans cesse la perception et la transcription du corps dans l’espace. Le scénographe Euan Burnet-Smith a intégré dans le décor des photos des danseuses qu’il a réalisées, dont les prises de vue rappellent l’esthétique et la recherche de la photographe disparue.
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Inanna, de Carolyn Carlson. Ce mardi 1er octobre à 20h30, merc. 2 à 19h30 et jeudi 3 à 20h30, à la Maison de la danse (8 av. Jean-Mermoz, Lyon 8e).
Dans le cadre de la semaine spéciale consacrée à la chorégraphe (lire ici).