Pour un résultat conforme au cahier des charges mais néanmoins efficace. C'est confirmé, Harrison Ford et Steven Spielberg sont toujours aussi verts. Et soucieux de le montrer.
Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal ***
De Steven Spielberg. Avec Harrison Ford, Shia LaBoeuf, Cate Blanchett, Karen Allen... Aventure. Etats-Unis. 2h03.
1957, en pleine Guerre Froide. Peu après avoir échappé à des agents soviétiques, Indiana Jones se lance sur la piste de Crâne de Cristal d'Akator, une relique précolombienne, clé du savoir absolu. Il est entraîné dans cette quête par le jeune Mutt, qui lui ressemble étrangement. Mais les deux aventuriers sont aussi talonnés par les agents soviétiques de la glaciale Irina Spalko.
La franchise Indiana Jones a toujours tenu autant du parc d'attraction que du cinéma d'aventure. Plus que jamais, ce quatrième épisode des aventures du super archéologue est un festival d'escaliers mobiles, de cordes à nœuds et de temples qui s'effondrent à l'instant de livrer leurs trésors. Et c'est peu dire que Steven Spielberg, qui a l'âge de son héros vieillissant, redevient ici le grand-enfant qu'il a longtemps été avant d'opter pour un cinéma plus adulte. Le réalisateur en profite d'ailleurs pour passer en revue sa filmographie (surtout celle à base d'extra-terrestres) et de nombreux films de ses collègues du Nouvel Hollywood (dont American Graffiti du producteur et créateur d'Indiana Jones, Georges Lucas). Ce que réussit parfaitement Spielberg, c'est son incursion dans le contexte paranoïaque de la Guerre Froide : maccarthysme, course au nucléaire, espionnage et même ufologie. Les nazis des trois premiers épisodes faisant bien évidemment place au péril communiste. Le tout est bien évidemment traité avec l'esprit BD farci d'invraisemblances propre à l'univers Indiana Jones : quand Indy survit à un essai nucléaire dans le désert du Nevada en se cachant dans un frigo, on applaudit, mais en cas d'alerte atomique, on hésitera quand même à squatter le bac à légumes. Les fans en seront pour leurs frais : toutes les répliques attendues et passages obligés du cahier des charges jonesien sont servis en une succession de clins d'œil très appuyés. Certes, Spielberg nous donne à ce point ce qu'on attend qu'on en vient paradoxalement à rester sur notre faim. Mais on ne s'extirpe pas ainsi des conventions d'une franchise aussi standardisée qu'Indiana Jones (déjà qu'il se découvre un fils...). Surtout que Spielberg, à l'heure du tout numérique, va au bout de sa démarche en optant majoritairement pour des effets spéciaux à l'ancienne. Film euphorique et nostalgique, Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal est aussi l'œuvre de sexagénaires qui veulent bien passer la main, du moment que c'est le plus tard possible. Spielberg se faisant du coup le porte-parole d'une génération de baby-boomers en quête de jouvence parce que pas pressée de lâcher les commandes. On ne serait donc pas étonné de revoir Indiana dans 20 ans, octogénaire mais toujours vaillant, à la poursuite de nouveaux trésors sur des airs de disco. De toute façon, s'il met les pieds dans une maison de retraite, elle s'écroulera dans la seconde.
KM