Actuellement exposé à la galerie-atelier 28, Jan Demeulemeester a pris un tournant radical dans son œuvre. En quittant sa Belgique natale pour la Tunisie, il a laissé entrer couleur et lumière dans ses toiles.
Braque, Picasso, les liens de filiation sont là. Indéniablement. Et pourtant, ce n’est pas une énième tentative de se rapprocher de ces caciques du post-cubisme que l’on ressent dans l’œuvre de Jan Demeulemeester, actuellement exposé à la galerie-atelier 28. Au contraire, il a su offrir une identité forte à ses créations, une patte, reconnaissable, qui n’appartient qu’à lui. A ceux qui l’auraient connu dans ses débuts, il faut dire que l’artiste a pris un tournant. A l’image d’un Paul Klee, il a laissé s’ouvrir son œuvre à la lumière et à la couleur, en même temps qu’il quittait sa Belgique natale pour la Tunisie. D’une œuvre autrefois plus sombre, en recherche d’apaisement, marquée par un jeu sur les tons de gris, Jan Demeulemeester a finalement laissé son travail se nourrir du bleu de Sidi Bou Saïd qu’il habite. Il en a fait sa couleur de prédilection et un fil conducteur. Et même si certains y verront l’œil candide de l’Occidental découvrant la culture méditerranéenne, Jan Demeulemeester semble bien ici avoir trouvé une forme de plénitude.
Le support guide l’œuvre
Se laissant porter dans son processus créatif, Jan Demeulemeester travaille selon ses trouvailles. Et s’il est coutume de dire que la structure gouverne la fonction, ici le support guide l’œuvre. Dans ses assemblages, bois flottés et pièces de métal trouvés au détour d’une promenade mettent en branle son esprit. "Je me souviens m’être trouvée à ses côtés alors qu’il venait de trouver un disque de métal, certainement issu d’une machine agricole, explique Martine Bonnaventure, propriétaire de la galerie, qui fréquente "Jan" depuis des années. Il a aussitôt saisi la pièce, a posé sur le papier quelques traits. Il venait de créer un oiseau." Jan Demeulemeester met ce qui l’entoure en scène, offrant ainsi à la galerie 28 une collection essentiellement composée de natures mortes et de représentations féminines. "Sa moitié est devenue son modèle de prédilection", confie Martine Bonnaventure.
L’homme de papier
Papier et carton sont ses supports de prédilection, marouflés sur les toiles. Le canson se fait alors peau, habillant un châssis-squelette. Une grande présence, c’est ce qui caractérise en premier ces œuvres qui explosent et débordent. La baigneuse est peut-être celle qui happe le visiteur en premier. Une grande pièce verticale, où le papier brut et le trait de crayon suggèrent les transparences. L’artiste, dans la cinquantaine, rencontre un succès grandissant et ses œuvres sont de plus en plus recherchées. Malgré tout, et c'est une volonté de sa part, les prix à la vente restent particulièrement bas.
Exposition Belgique Méditerranée I - Jan Demeulemeester, jusqu'au 20 juillet, à la Galerie Atelier 28, 28 rue Burdeau (Lyon 1er).