Jazz à Vienne : les jeunes sur la scène antique

Au beau milieu d’une programmation pléthorique as usual, qui fait la part belle aux légendes du jazz, le festival vienno-jazzeux entend cette année s’ouvrir à la belle jeunesse qui est en train de prendre la relève des musiques noires.

Chick Corea, McCoy Tyner [sur scène le 2 juillet], Bobby McFerrin, Pat Metheny [le 4], Biréli Lagrène [le 6], George Clinton et Fred Wesley [le 3 tous les deux] : l’amateur de jazz, de funk, de blues et de musique noire sous toutes ses formes connaît ces noms par cœur puisqu’ils garnissent chaque été depuis des lustres tous les festivals de la planète, pour le plus grand plaisir d’ailleurs des susdits amateurs de jazzs (avec un “s”).

Les légendes elles-mêmes n’étant pas éternelles, et bien qu’on ne souhaite pas le moindre mal à aucun d’entre eux, on pourrait être naïvement tenté de croire que le jazz mourra avec ceux qui ont connu Miles, tapé le carton avec Coltrane ou supporté les humeurs de James Brown. Or la relève est là, et semble même inépuisable, tant Jazz à Vienne s’attache, plus que d’aligner les grands noms, à faire la part belle à la jeunesse. On y verra, ou pas, une forme de “contrat de génération” musical ; toujours est-il que cela traduit une vraie volonté de renouveler le genre.

Le festival propose ainsi de découvrir des petits jeunes qui montent, voire sont déjà arrivés bien haut même s’ils n’ont pas encore atteint l’étage légendaire. Par exemple... Tony Bennett [à voir le 13 juillet] ! Bon, si on ne peut plus plaisanter... On la refait : par exemple, Gregory Porter [le 2 juillet], un incroyable soul man californien établi à Brooklyn, dont la voix et le sens du groove lui valent déjà d’être comparé aux légendes de son genre (Nat King Cole, Sam Cooke, Marvin Gaye).

Esperanza et autres espoirs

Mais l’événement et le symbole du festival s’incarneront sans doute en la personne, invité privilégié, du pianiste Tigran Hamasyan [le 4 juillet], prodige de 25 ans découvert par Stéphane Kochoyan – le nouveau directeur du festival – alors qu’il n’en avait que 9 (Tigran, pas Stéphane Kochoyan). Le jeune Arménien est sans doute le pianiste de demain, ne serait-ce que parce qu’il est déjà celui d’aujourd’hui.

Il faudra également compter avec les filles. Si l’on ne présente plus Melody Gardot [à écouter le 11 juillet] et Erykah Badu, dont on ne peut guère dire qu’elles soient cacochymes, la jeune chanteuse franco-camerounaise Sandra Nkaké [le 13] est l’une des valeurs montantes du moment. Tout comme la splendide bassiste et chanteuse américaine Esperanza Spalding (rien que son nom fait rêver) [le 8].

Plus installés, mais néanmoins toujours représentants de la jeune génération : Ibrahim Maalouf [le 13], trompettiste dont la réputation dépasse largement le cadre du jazz (il a joué avec une pléiade d’artistes de variétés), ou le contrebassiste américain Avishai Cohen [le 8] qui, à 33 ans, a selon la formule consacrée joué avec les plus grands – dont certains présents cette année à Vienne, tel Chick Corea. Que dire alors de Joshua Redman [le 10], considéré comme l’un des meilleurs saxophonistes du monde, qui perpétue la tradition familiale (son père, Dewey, accompagna Ornette Coleman) ? Son air juvénile – il pourrait être le sosie officiel d’Éric Judor, d’Éric & Ramzy – fait oublier que Joshua a derrière lui vingt ans de carrière.

Enfin, s’il n’est pas un perdreau de l’année, comment passer à côté de la présence d’un “nouveau” déjà plus connu que tous ses pairs réunis : Dr House lui-même [le 12] qui, sous son vrai nom – Hugh Laurie (eh oui, le Dr House n’existe pas pour de vrai) –, démarre pied au plancher une carrière dans le country-blues.

Cette année donc, en jazz et à Vienne, tous les “espoirs” sont permis.

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Jazz à Vienne. Jusqu’au 13 juillet, au théâtre antique de Vienne.

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