Jeunes talents en tous sens à la Maison de la danse

La Maison de la danse crée “La Maison sens dessus dessous”, un festival de jeunes talents inclassables qui explorent des langages comme la magie et le mentalisme, le one woman show, la performance, le dancefloor, la mise en scène ou le mélange d’un peu de tout. C’est grave ou léger, et c’est à découvrir !

Sexe, rock, bière et frites

Son truc à lui, c’est le spectacle. Apprendre et connaître le plus de choses possible pour s’amuser avec les codes du spectacle. Le Québécois Frédérick Gravel est un touche-à-tout – dans la lignée du sulfureux Dave Saint-Pierre – qui, entouré d’un ensemble hétéroclite d’artistes venus de toutes les disciplines, a fondé le Gravel Art Group : le GAG. Sa pièce Gravel Works a la forme apparente d’un collage d’un peu de tout et n’importe quoi, d’états de corps et d’humour, de fins de spectacle qui se retrouvent au début ou au milieu, de danseurs neurasthéniques en slip ou qui se gavent de bière et de frites, de musiques qui vont de Chopin à PJ Harvey, le tout mixé dans une ambiance pop et house. Initiée en 2006, subissant depuis des transformations à rallonge, elle est présentée dans une version intégrale – sans doute provisoire – qui semble accompagner la réflexion du chorégraphe sur le comment et le pourquoi d’une œuvre artistique. Car il s’agit de décortiquer le processus de création, de faire un pied de nez à toutes les formes de spectacles de danse, y compris les plus élitistes, de s’amuser avec justement ce qu’en attendent le spectateur mais également les producteurs, les acheteurs et le milieu de la danse contemporaine. Le tout étant porté par de l’impertinence et de l’énergie rock.

La magie, un art de la prise de pouvoir

Depuis quinze ans, Thierry Collet n’a de cesse de renouveler les règles, l’esthétique et la dramaturgie de la magie pour en faire un art en prise avec les problématiques humaines, sociales ou politiques de son époque. Il intègre la notion de mentalisme, avec cette idée forte que la magie est un art de la prise de pouvoir et qu’il s’agit de le transformer en un moyen de réveiller le spectateur et non pas de l’endormir. Influence est donc un spectacle de magie mentale interactif, conçu autour d’expériences ludiques qui impliquent les spectateurs ; un espace de questionnement où le mentaliste pénètre leurs pensées et souvenirs, leurs choix, et influence leurs comportements et leurs décisions. Le public peut ainsi comprendre que les procédés utilisés par le magicien sont les mêmes que ceux des stratégies marketing et de publicité, de la propagande politique ou religieuse, et qu’ils imprègnent aussi les vies personnelles.

Rire de soi-même

Avec Encore, la chorégraphe suisse Eugénie Rebetez tente de renouveler le one woman show en utilisant le chant et la danse sur fond de tragédie comique, avec un personnage qui navigue entre le rire du clown et la réalité d’une diva naufragée. Elle se met en scène sans complexe, enveloppe ses rondeurs d’une robe noire et se laisse aller à des rêves de star dont Céline Dion ferait les premières parties. Avec un podium à marches pour monter et descendre, un tapis rouge, un micro et une chaise, cette figure extravagante de la jeune danse entraîne le public sur les chemins de l’illusion, de l’angoisse et du bonheur d’être une artiste.

Schizophrénie en états de danse

Originaire du Nigéria, interprète de Gallotta et Sidi Larbi Cherkaoui, Qudus Onikeku traverse avec le solo Still/Life les errements de l’être humain, ses ambiguïtés et tente de comprendre pourquoi un homme peut se transformer en monstre. Partant du principe que l’évolution de l’individu est sans cesse remise en cause par la violence et les tragédies que portent nos civilisations, le danseur met à l’épreuve son corps et son esprit prisonniers d’un état schizophrénique. Il questionne le sens de la vie tout comme l’acte de danser, qu’il transforme en une force libératrice menant vers l’utopie, un autre demain.

Quand la musique est bonne

Le Belge Koen De Preter et l’Espagnole Maria Ibarretxe ont créé We dance to forget pour jouer avec notre mémoire collective et toutes les musiques et chansons qui la façonnent. On retrouve des figures incontournables du dancefloor mais aussi Michael Jackson, Las Ketchup, U2, Nancy Sinatra et Le Lac des cygnes mixé en direct par un DJ. Les deux compères inventent une gestuelle hors de la logique et du convenu, jouant sur les décalages de rythme, la fantaisie et le faux dramatique. Leur idée étant de nous rappeler que chacun d’entre nous porte en lui le plaisir de danser et que le laisser nous envahir est aussi un moyen de créer des liens avec les artistes. À la fin du festival, ils animeront un bal sur le plateau de la Maison pour danser avec les spectateurs.

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La Maison sens dessus dessous. Du 24 au 26 mai, à la Maison de la danse (Lyon 8e).

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