Joachim Koester, chasseur de fantômes

Il est de ces artistes trop peu exposés en France, qui mériteraient pourtant qu’on s’attarde davantage sur leur travail. L’IAC de Villeurbanne a eu la bonne idée de proposer ses cimaises à l’artiste danois, pour sa première grande rétrospective en France. Elle ferme dimanche !

Dans ses œuvres – essentiellement photographiques et filmiques –, Joachim Koester réactive un lieu, un territoire ou un rituel, qui ont souvent entretenu un rapport à l’ésotérisme, aux drogues et aux états modifiés de la conscience en général.

Son goût pour l’irrationnel, il le trouve dans des pierres polies aux vertus magiques du British Museum, qu’il photographie en macro, dans les ruines de la chambre des cauchemars – pièce initiatique de feu l’abbaye de Thélème où le controversé Aleister Crowley implanta en 1920 une communauté versant dans la magie noire et la sexualité débridée – (la série de photographies Mornings of the Magicians).

Il le trouve également dans les chorégraphies de corps en transe (la vidéo Tarantism), lorsqu’il revisite les dessins sous mescaline d’Henri Michaux, ou qu’il tente de retracer l’itinéraire des promenades d’Emmanuel Kant dans Kaliningrad (The Kant Walk) d’après le récit du biographe Thomas de Quincey, opiomane notoire.

En confrontant une expérience mentale insondable au réel du temps présent, Koester interroge la fonction même de la photographie ou du cinéma. Que voir dans ses images ? Koester se garde bien de répondre. Car son travail se situe exactement là : à la frontière entre vécu et imagination.

Of Spirits and Empty Spaces. Jusqu’au 19 février, de 13h à 19h, à l’Institut d'art contemporain (Villeurbanne).

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