Par un langage simple, composé de symboles, sortes d'idéogrammes pop ou de poésie peinte, Keith Haring s'est fait connaître dans le monde entier. Pourtant, emporté très jeune par le sida, à 31 ans, l'artiste américain n'a créé qu'une dizaine d'années. Alors que Keith Haring aurait 50 ans cette année, le Musée d'art contemporain de Lyon a décidé de lui consacrer une grande exposition personnelle, la plus importante, en terme de surface, jamais organisée dans le monde. "Je suis convaincu que Keith Haring va occuper une place importante dans l'histoire de l'art, et pas seulement celle de la fin du 20e. Il a développé un projet d'art universel pour tout le monde et pour tout support" estime Gianni Mercurio, commissaire de l'exposition. Keith Haring a en effet exploré tous les supports : murs de la ville, corps humain (celui de Grace Jones par exemple), réverbères, bâches en plastique, palissades de chantier, jusqu'aux produits dérivés qu'il commercialise lui-même dans son "pop shop". C'est dans le métro, en dessinant à la craie sur des panneaux publicitaires vides, qu'il se fait connaître, lorsqu'il débarque à New-York en 1978. L'exposition lyonnaise ouvre sur ces fameux "Subway drawings", souvent assimilés au graff et pourtant œuvres à part entière. S'il connaît un succès rapide, auprès du grand public, des people (Madonna, Burroughs...), des collectionneurs privés, il est boudé par les musées. Directeur du MAC, Thierry Raspail fait son mea culpa : "C'était les années 80, l'époque du grand retour de la peinture : les nouveaux fauves, la figuration libre hypnotisent la scène ; Keith Haring paraît un peu simpliste dans cet univers. En comparaison avec Basquiat, qui apparaît comme un vrai peintre expressionniste, Haring est plus proche de la BD. Je n'ai pas perçu la part de performance dans le travail de Keith Haring". L'aspect performatif, ce que Gianni Mercurio appelle "le geste" est pourtant essentiel à ces œuvres, parfois gigantesques et pourtant totalement improvisées. L'exposition de Lyon présente beaucoup de pièces inédites, dont une série d'œuvres sur métal de grand format faites pour des chantiers new-yorkais, mais aussi 500 polaroïds qu'il a pris au cours de sa courte vie, des vidéos, des peintures, des dessins, des sculptures, et une BMW... Dans une iconographie très personnelle qui va des créatures monstrueuses aux anges, Keith Haring a abordé de nombreux thèmes de son temps : sida, drogue, pouvoir de l'argent, menace nucléaire... Et du métro new-yorkais aux écoles maternelles, il a montré que l'art est au cœur de la vie.
Exposition Keith Haring, du 22 février au 29 juin, du mercredi au vendredi de 12h à 19h, les samedis et dimanches de 10h à 19h. Vernissage le 21 à 19h. Musée d'art contemporain de Lyon, Cité internationale, 81 quai Charles de Gaulle, Lyon 6e. 04 72 69 17 17. www.moca-lyon.org
Réalisation d'une fresque en hommage à Keith Haring, sur une surface de près de douze mètres de long, à la Gare de Lyon Perrache, jusqu'au jeudi 21 février, de 12h à 14h. La fresque restera visible jusqu'au 30 mars 2008.
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