“Tout passe”, comme nous le rappelle Ilies Issiakhem. N’attendez donc pas la fin du mois pour découvrir son travail et celui de Natacha Krenbol, exposés à Lyon en ce moment.
Ilies Issiakhem, dissolution des figures
Né en 1984 en Algérie, neveu de M’hamed Issiakhem, l’un des fondateurs de la peinture moderne algérienne, Ilies Issiakhem a étudié à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Combinant plusieurs techniques (sérigraphie, peinture à l’huile ou acrylique…), Ilies Issiakhem poursuit un travail pictural expérimental qui interroge la figuration, et en manifeste les enjeux au regard de l’essor numérique ; un peu à l’instar des peintres de la fin du XIXe devant l’arrivée de la photographie.
Chez Issiakhem, la représentation figurative demeure donc conflictuelle : d’une part, les visages et les corps s’affirment, d’autre part ils se dissolvent vers l’abstraction, emportés par la souplesse de leur matière. Les touches de peinture, non seulement annoncent les contours d’un visage, mais en reconfigurent les traits, en menacent l’émergence. S’inspirant du glitch, esthétique de la défaillance numérique, l’artiste construit des empilements d’images et de formes abstraites qui s’apparentent à des aberrations, des monstruosités, comme peuvent en produire aujourd’hui les ordinateurs lorsque leur fonctionnement est altéré. Panta Rhei veut dire “Tout passe” en grec.
Ilies Issiakhem – Panta Rhei
Jusqu’au 20 janvier à la galerie Regard Sud (Lyon 1er)
La “Saga Africa” de Natasha Krenbol
Natasha Krenbol a autant appris des rues africaines que des musées ou de ses études aux beaux-arts de Paris. Nourrie de jazz et de musiques “ethniques”, elle se dit “artiste urbaine rupestre”. Elle a exposé à Beaubourg ou à la halle Saint-Pierre et dessiné pour Le Monde diplomatique.
Elle peint en compagnie de conteuses de fables et de bluesmen, travaille sur toutes sortes de supports et dans toutes les dimensions : timbre-poste, toile, carton, partition musicale, bois flotté, pochette de disque, peintures scéniques… Scènes de genre, animaux, plantes, humains, créatures imaginaires peuplent son Afrique, ses légendes, ses farandoles, son univers poétique. C’est réconfortant dans un lieu assez inhabituel.
Natasha Krenbol – Traverse
Jusqu’au 26 janvier (jours ouvrables) à la bibliothèque de la Manufacture des Tabacs (université Lyon 3).
Pour d’autres idées d’expos à voir à Lyon, cliquez ici.