Éric Massé met en scène Des Gens comme eux, une pièce écrite par Samira Sedira à partir de son roman éponyme, inspiré de l’affaire Flactif, la tuerie du Grand-Bornand.
L’affaire Flactif ou tuerie du Grand-Bornand est une affaire criminelle française, particulièrement horrible, qui a défrayé la chronique en 2003. À la suite de la disparition d’un promoteur immobilier de 41 ans, Xavier Flactif, de sa femme Graziella, et de leurs trois enfants Grégory, 7 ans, Lætitia, 9 ans et Sarah, 10 ans, au Grand-Bornand, en Haute-Savoie, David Hotyat, locataire d’un chalet appartenant aux Flactif, est arrêté quelques mois plus tard. Il avoue le meurtre de la famille et avoir brûlé leurs corps en forêt. Il est condamné en 2006 à la prison à perpétuité. Sa compagne Alexandra Lefevre et un couple d’amis, Stéphane et Isabelle Haremza, sont condamnés pour complicité à de lourdes peines d’emprisonnement.
De cette histoire macabre, Éric Guirado a tiré un film remarquable, Possessions (sorti en 2011), avec Jérémie Renier, Julie Depardieu, Lucien Jean-Baptiste et Alexandra Lamy dans les rôles principaux. Où l’on voit comment un couple pauvre en vient à massacrer un autre couple, plus riche, ainsi que ses trois enfants. Le quintuple meurtre a pour motif la jalousie suscitée par l’aisance et le style de vie du promoteur immobilier et sa famille. À cette haine envieuse des pauvres envers les riches se joint le racisme (la famille Flactif est noire) et un sentiment d’injustice, aussi infondé que stupide.
Le fait divers a également inspiré le roman de Samira Sedira (publié en 2020), Des Gens comme eux, qui a connu un important succès aussi bien en France qu’à l’étranger. À partir de son récit, écrit au scalpel, l’autrice a conçu une pièce qui décortique tous les rouages ayant mené au meurtre. Une tragi-comédie découpée en quatre fêtes aux airs de catharsis expiatoire, qui sont en réalité les quatre étapes conduisant au dérapage sanglant.
C’est cette fable sociétale qui fera l’objet de la prochaine création d’Éric Massé. Il s’empare de la pièce de la jeune autrice, écrite du point de vue de la femme du meurtrier, afin de mettre à nu microcosmes et déterminismes, racisme ordinaire et responsabilité collective.
Des Gens comme eux – Du 3 au 11 octobre au théâtre du Point-du-Jour