Rammstein

L’énigme Rammstein

De retour avec un bon gros best-of sous le bras, Rammstein reste tel qu’en lui-même, un groupe provocateur et hystérisant, pur produit de la politique “industrielle” allemande. Du gros, du lourd, de l’efficace.

À l’heure où l’on ne cesse de louer la vigueur de l’industrie allemande, comment passer à côté du sujet Rammstein, chef de file, non pas de l’industrie allemande – Angela Merkel a été recalée au casting – mais de son équivalent musical : le rock industriel. Entendre par là non pas une fabrication à la chaîne de tubes standardisés mais plutôt la sublimation artistique de l’ambiance qui règne dans une Fabrik de machines-outils. Le tout dans la langue de Goethe. Et avec une approche sans doute bien plus fidèle au romantisme allemand que son emballage un peu rustaud ne pourrait le laisser penser.

D’emblée, avec son nom, le groupe formé en 1994 en ex-Allemagne de l’Est pose des jalons bien ancrés : Rammstein fait en effet référence au crash aérien survenu en 1998, lors d’un meeting, sur la base américaine de la ville du même nom (avec un seul “m”). Mêlant heavy-metal, musique électronique et rock, le groupe se fait connaître mondialement via la BO de Lost Highway de David Lynch, dont deux morceaux illustrent les scènes les plus “avenantes”. Il n’en demeure pas moins que le groupe développe (puis entretient ?) une image ambiguë qui fait la joie des censeurs.

Columbine, Leni, Armin

Les exemples sont légion : l’imagerie du groupe d’abord, tout en muscles, l’utilisation pour un clip d’images de Leni Riefenstahl, la cinéaste officielle du IIIe Reich, leur anticommunisme (rappelons qu’ils ont grandi en RDA) les renvoient à de supposées sympathies nazies dont le groupe s’est toujours défendu. Au moment de la tuerie de Columbine, perpétrée par deux fans du groupe, Rammstein se trouve accusé d’en être indirectement responsable. Mais le groupe aime brouiller les pistes et provoquer, portant sur scène, où les effets pyrotechniques leur ont valu quelques incidents, des godemichets-ceintures qui balancent du lait sur le public. Ou mettant en scène sur l’album Mutter un fœtus mort. Accusations de pornographie, d’homophobie, d’apologie du cannibalisme (une chanson sur l’affaire Armin Meiwes, qui avait tranché, cuisiné, puis dégusté le sexe d’une victime consentante) en 2001. On en passe et des meilleurs.

Reste que la formule, si formule il y a, fonctionne (stades pleins, wagons de disques vendus à l’international), pour un groupe qui chante pourtant à 80 % en allemand. Le modèle allemand, on y revient toujours. À quand un Rammstein français baptisé Villacoubllay (avec deux “l”) ? Pas demain la veille.

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Mardi 23 avril à 20h au Park&Suites Arena (Montpellier) et mercredi 24 avril à 20h à la halle Tony-Garnier (Lyon 7e/Gerland).

Rammstein est aussi annoncé à Nancy le 7 juillet et au festival des Vieilles Charrues le 18 juillet.

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