L'Etrange festival : "on est là pour sortir des trucs de la cave"

'Ce n'est pas que du gore et du cul' clame son directeur, Cyril Despontin. Les cinq bénévoles de l'association ont réuni une programmation éclectique, du comique politiquement incorrect au conte noir coréen, dépoussiérant des introuvables au rayon DVD et proposant des avant-premières. Des histoires pour se forger une solide culture en matière de 35 mm : voilà qui mérite une étrange interview.

Trois questions à Cyril Despontin, directeur de l'Etrange festival.

Alors, qu'est-ce que vous allez nous infliger cette année ?

En ouverture, le saignant Midnight meat train. De nombreuses salles américaines ont refusé de projeter cette violente descente aux enfers quand le film est sorti l'année dernière. Il sera précédé d'un court-métrage considéré comme un Orange mécanique moderne. En avant-première également The Propositionlien, un western australien élaboré avec le musicien Nick Cave. Il y a aussi le conte Hansel et Gretel vu par un réalisateur coréen. Il nous emporte dans un univers acidulé où les enfants deviennent inquiétants ! La plupart des réalisateurs français programmés seront présents aux séances. Nous voulons que les spectateurs puissent partager leur vision du film avec eux. Samedi, un maître français du porno seventies, Gérard Kikoïne, sera là. Samedi aussi, un documentaire présentera un réalisateur bicéphale, un médecin généraliste qui tourne des films Z durant ces week-ends. On le voit en consultation avec une mémé et l'inviter à devenir figurante. La projection sera suivie d'un moyen-métrage de ce médecin nîmois. On se marre plus qu'autre chose. La programmation, ce n'est pas que du gore et du cul comme j'ai pu l'entendre

Avec vous, 'le sang et le cul' prennent un sens philosophique ?

Je ne suis pas trop dans l'introspection, la catharsis, tout ça. Seul l'intérêt artistique m'importe. Les films sélectionnés par l'Etrange festival offre toujours une démarche artisanale, voire à la limite de l'expérimental pour la théma consacrée à Van Belle. Le film peut ensuite se révéler artistique. Nous évitons les projections en numérique. Le numérique détruit la chaleur du 35 mm, quand le réalisateur doit régler sa lumière, son cadre parfaitement. Comme dans Le Marché sexuel des filles. C'est un Japonais qui l'a réalisé en 1974. Et bien les images travaillées créent la poésie. Ce film va sortir en DVD prochainement mais c'est une exception. L'intérêt de l'Etrange Festival est de présenter des films qui n'existent pas en DVD. On est là pour sortir des trucs de la cave.

D'après-vous, qu'est-ce qui définit l'intérêt artistique d'un film ?

Un de mes films préférés est Moulin rouge mais à côté, j'aime le politiquement incorrect. A leur sortie beaucoup de films sont décriés. C'était le cas de Buffet Froidlien. Aujourd'hui, il est considéré comme un chef d'oeuvre. Je vois bien le film de Houellebecq La Possibilité d'une île suivre le même chemin. Pareil pour Steacklien, de Quentin Dupieux avec Eric et Ramzy. Notre théma 'mauvais gène' illustre cette veine française. Avec Leolo, programmé jeudi, ou encore avec Le Bonheur a encore frappé, programmé dimanche. Le premier dépeint le monde des parents vu par un enfant. Le second est un Marié, deux enfants en plus méchant. Les dialogues fusent.

Le ZooM de la rédac': Des films de 1920, une séance pour enfants et parents. Dimanche à 11h, Les Contes de l'horloge magique feront office de machine à remonter le temps pour les petits et grands qui se laisseront emporter par ce cinéma muet. Il s'agit de trois histoires, une heure de projection en tout, où l'enfant d'un horloger, la fille du réalisateur, devient un guide dans le monde féerique des marionnettes. Trois histoires pour apprécier le burlesque et le magique.

L'étrange histoire de l'Etrange festival..

Cyril Despontin: 'J'allais à l'Etrange festival de Paris en tant que spectateur et je leur ai proposés de faire une édition à Lyon. Il en existe une à Strasbourg aussi. L'équipe lyonnaise est composée de cinq bénévoles. [Cyril Despontin est informaticien de métier]. Nous avons une entière liberté éditoriale et artistique. Pour la première édition, l'année dernière, le public lyonnais a répondu présent avec 1 200 entrées. Donc nous continuons, passant de cinq à sept jours de festival. Et nous avons invité six réalisateurs contre trois l'an passé. Le festival n'est pas subventionné. Par contre, l'expérience parisienne fait que nous sommes sponsorisés par Canal+. Et nous avons démarché des partenaires privés qui nous soutiennent avec un encart pub dans le programme.'

Stéphanie Ména

Crédit Photo: Barbara Mestric

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