Dans une société où le logement représente la principale dépense du budget d’un ménage, le Rize propose une exposition sur le thème de l’habitat individuel, retraçant l’évolution de la vie citadine à l’échelle de Villeurbanne.
Ça commence par une série de chiffres : “89 % des Français souhaitent être propriétaires de leur maison”, “74 % des Français rêvent d’une maison neuve construite à la campagne ou dans une petite ville”. Entre le fantasme et la réalité, il y a un fossé : on apprend que Villeurbanne compte 67 589 résidences principales, dont seulement 4 538 maisons individuelles. Il faut, pour comprendre ces chiffres, remonter l’histoire de la ville et de ses habitants. Pour ce faire, une microville a été reconstruite dans l’espace d’exposition, comprenant des petites maisons reconstituées façon origami et à hauteur d’homme, dont les volets et divers éléments sont les supports de témoignages, d’archives textuelles et photographiques. “Des maisons à Villeurbanne” montre, à travers un accrochage aux couleurs pop, ludique et interactif, comment la maison demeure le foyer de nombreux enjeux : social, professionnel, architectural ou écologique.
L’usine et ses “cottages”
La reconstitution de la maison de la communauté des Filles de Saint-Paul évoque le passé rural de la ville, dont l’industrie a fait table rase dès le XIXe siècle, en implantant ses usines et ses lotissements. Villeurbanne devient cette cité ouvrière, renfermant tout de même quelques maisons bourgeoises (villa Lafont), où la question de l’habitat des travailleurs et des conditions de vie des plus modestes devient un enjeu politique.
Au fur et à mesure de la déambulation entre les maisonnettes, on suit les avancées en la matière à travers les différents documents photographiques, archives municipales et articles de presse de l’époque. Certains personnages ont marqué de leur action l’habitat ouvrier, tel Joseph Gillet, grand industriel lyonnais qui construisit des logements collectifs autour de ses usines, pas folle la guêpe... On découvre également le principe des “cottages” dès 1930, construction de lotissements collective et plus économique ; les grands ensembles qui débarquent après la Seconde Guerre mondiale, escamotant au passage le rêve pavillonnaire ; l’inspiration du modèle anglais des cités-jardins, jusqu’aux constructions individuelles contemporaines qui tentent de retrouver l’esprit village d’autrefois, rejetant la promiscuité des grands ensembles.
En proposant un panoramique spatiotemporel des mutations urbaines et sociales de Villeurbanne, de ce qui fait, bon an mal an, son patrimoine architectural, l’exposition dépasse largement le cadre villeurbannais pour atteindre à une réflexion plus globale sur l’habitat citadin, le manque de logements, la densification des villes et les conditions de vie de demain, qui, à en croire les statistiques, concerne rien moins qu’un habitant de la planète sur deux.
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Des maisons à Villeurbanne. Jusqu’au 25 mai, au Rize, 23 rue Valentin-Haüy, à Villeurbanne.
Toi sans Moi, Moi sans Toi, nous ne sommes rien alors qu'ensemble nous sommes un tout