Rue89 avait été visiter l'expo lors de son arrivée à Paris. Etonnemment, peu de visiteurs s'interrogeaient alors sur l'absence de mention sur l'origine des corps exposés. (Voir la vidéo)
Selon la décision de justice, les corps devront être placés sous séquestre " aux fins de rechercher avec les autorités publiques françaises compétentes une solution conforme au droit de l'inhumation ". Une astreinte de 20 000 euros par jour de retard a été fixée.
L'exposition devait s'achever le 10 mai à l'Espace 12, boulevard de la Madeleine, avant de déménager au Parc Floral du 22 mai au 23 août. Son producteur, Pascal Bernardin, a dit à l'AFP son intention de faire appel, ce qui ne suspend pas la fermeture :
" Ça me paraît aberrant comme jugement. Il y a 18 à 20 expositions anatomiques du même type qui tournent en ce moment à travers le monde, aux Etats-Unis ou en Europe, et qui n'ont jamais été interdites. " Un doute sur la provenance des corps
Interrogé par Rue89, Richard Sédillot, l'avocat des associations Ensemble contre la peine de mort et Solidarité Chine, qui ont porté l'affaire en justice, s'est dit " extrêmement content " :
" Le juge reprend totalement mon argumentation sur l'inviolabilité du corps humain et sur l'interdiction de faire du commerce avec les cadavres. "
L'avocat revient sur le doute concernant la provenance des cadavres, qui avait provoqué des inquiétudes chez les riverains de Rue89 :
" Je suis de plus en plus convaincu que derrière cette affaire il y a un trafic d'organes et de corps humains. Van Hagens, l'inventeur de la plastination, a lui-même reconnu qu'il pouvait y avoir des condamnées à mort parmi les corps qu'il utilise.
" Les corps fournis à Bernardin sont fabriqués selon le même brevet, ils viennent tous de Chine. Or le producteur n'a pas donné la moindre pièce au juge, la seule pièce qu'il donne est celle d'une fondation de Hongkong sans adresse ni téléphone, une fondation qui n'est connue de personne dans les milieux scientifiques. "
Un consentement " impensable "
Déjà, Pierre Le Coz, vice-président du Comité consultatif national d'éthique (qui avait émis un avis défavorable sur la venue de l'exposition à la Cité des Sciences à Paris), avait fait remarquer à ce sujet :
" C'est abject ! Un corps peut être utilisé après sa mort seulement à
des visées scientifiques, même si les personnes sont consentantes.
Qu'est-ce que ça veut dire le consentement d'un Chinois quand on
connaît le respect des droits de l'homme dans ce pays ? On n'aurait
jamais fait cela avec des Français. "
Pour Marie Holzman, présidente de l'association Solidarité France-Chine, le consentement des individus dont les cadavres exposées est " impensable " pour les raisons suivantes :
" En Chine, les individus estiment qu'un corps appartient
toujours aux parents, c'est pour cela que le corps doit impérativement
retourner à la terre et c'est pour cela aussi qu'il n'y pratiquement
personne qui accepte de donner ses organes après la mort.
Il est connu
que les organes à des fins médicales en Chine le sont sur des
condamnées à mort. "
- Mis à jour le 21/04/2009 à 15h35, avec l'ajout de la citation de Marie Holzman.
Par Sophie Verney-Caillat | Rue89 | 21/04/2009 | 14H30
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