Joyaux du patrimoine lyonnais. Le 27 avril, les Lyonnais ont retrouvé une figure du patrimoine de leur ville. L’Hôtel-Dieu restauré a ouvert ses portes aux habitants et aux touristes. Si les magasins attirent peu pour l’instant, les allées du monument voient passer flâneurs et visiteurs en quête d’histoire.
Longtemps désaffecté et fermé au public, l’Hôtel-Dieu a enfin retrouvé sa gloire d’antan. Une réhabilitation attendue par les habitants après trois ans de travaux. Le projet porté par Gérard Collomb, ancien maire de Lyon, était ambitieux : faire de l’ancien hôpital un luxueux lieu de commerce et de restauration, point de rayonnement du patrimoine lyonnais avec la Cité de la gastronomie qui ouvrira en 2019.
Figure du patrimoine lyonnais
L’Hôtel-Dieu, c’est avant tout un emblème lyonnais. « Pour les décors c’est idéal », affirment Caroline et Fabien, venus faire des photos de mode pour une marque de chaussure. « Comme notre marque est lyonnaise, nous sommes venus chercher une figure de notre patrimoine et une ambiance haut de gamme », expliquent-t-ils. Un cadre qui séduit aussi les photographes amateurs, comme Clément, un jeune Lyonnais venu capturer la beauté du lieu. Fermé pour un temps mais jamais oublié, l’Hôtel-Dieu retrouve peu à peu sa place dans le paysage des monuments de la ville. Beaucoup se sentent liés par ce lieu historique. « Cela aurait été dommage qu’on n’y fasse rien », confie Catherine, une Lyonnaise venue faire visiter l’Hôtel-Dieu à ses neveux. Certains l’ont même connu dans son passé d’hôpital : « ma belle-sœur était infirmière ici », explique Anne, venue de Mornant avec sa famille.
« On retrouve l’Hôtel-Dieu dans son origine »
L’aspect historique n’a pas été oublié, bien au contraire. L’accent est mis sur les origines du lieu et sur le travail de restauration. Chronologie, portraits d’illustres contributeurs et de médecins tapissent les panneaux disposés aux quatre coins du monument, dont certains permettent de cacher les travaux encore en cours. Ce qui plaît, c’est la mise en valeur de l’édifice d’origine, avec quelques touches de contemporain. « Démentiel », commente Anne. « L’architecture est magnifique, tout a été pensé pour respecter l’ancien bâtiment », renchérit son compagnon. Au détour d’un couloir, le moderne se fait oublier et le visiteur se perd dans un passage hors du temps, aux côtés des médecins renommés ayant arpentés ces mêmes corridors.
« Trop luxueux »
En ce début de mois d’août, Lyonnais et touristes sont présents, en petit nombre toutefois. Si les allées ne sont pas totalement désertes, on ne peut pas en dire autant des magasins. Les commerces intéressent peu les Lyonnais rencontrés dans l’Hôtel-Dieu. Les enseignes déjà ouvertes ne semblent pas du goût des visiteurs interrogés. « Les magasins ne m’intéressent pas, c’est trop luxueux », déplore Janine, allongée dans un transat blanc Cour Sainte-Elisabeth. Rodolphe, quant à lui, attend avec impatience l’ouverture de la Cité de la gastronomie, stratégique pour le rayonnement du patrimoine lyonnais : « pour l’instant, ce n’est pas très dynamique. La Cité de la gastronomie devrait sûrement attirer du monde », prévoit le jeune Lyonnais. Un certain nombre de boutiques sont situées à l’entrée rue de la Barre, dans la Cour du midi. Si celle-ci se démarque avec sa verrière architecturale, la chaleur qui y règne invite à migrer vers les couloirs, à l’ombre des vieilles pierres blanches.
Un havre de paix
Une fois passée la cour au plafond de verre, les murs de pierre offrent un abri frais aux badauds accablés par la canicule. Pour certains, l’ambiance manque même de chaleur. L’adjectif « stérile » est employé par Rolinde, une jeune touriste originaire d’Utrecht aux Pays-Bas. Peu surprenant pour un ancien hôpital. Les aménagements tentent d’apporter un peu de chaleur à cette atmosphère. Terrains de pétanque, transats et chaises colorées viennent décorer la Cour Sainte-Elisabeth, entourée de restaurants. Une ambiance bohème qui appelle à la détente. Dans le Grand Cloître, chemise hawaïenne et chapeaux de paille pourraient remplacer le costume de ville. Beaucoup profitent des coussins, disposés entre les colonnes, pour s’allonger à l’ombre des arches. Avec ses jardins symétriques et ses deux élégants arbres entourant une croix finement sculptée, le lieu a quelque chose de magique. « Je le vois comme un havre de paix, c’est un endroit idéal pour se ressourcer », confie Huguette, une jurassienne conquise. Certains profitent des chaises et des tables disposées au couvert des feuillages pour travailler ou se détendre, bercés par la musique diffusée par deux grandes enceintes. On est loin d’une ambiance de centre-commercial. En cette période estivale, l’Hôtel-Dieu attire entre ces murs rafraîchis curieux et touristes, bien contents d’y trouver un abri au soleil brûlant.