Le second devait être le jeu. Le tout selon une proposition des deux commissaires, Stéphanie Moisdon et Hans-Ulrich Obrist. Ceux-ci en ont délégué la mission à 49 commissaires d'expos ou critiques et à 14 artistes. Tous devaient désigner l'artiste ou l'oeuvre des années 2000-2010. Les règles du jeu ainsi posées devaient permettre une redistribution des rôles et faire émerger de jeunes plasticiens peu connus ou peu exposés sur la scène artistique internationale. Dès les premiers pas à la Sucrière, nous comprenons que ce jeu va être difficile d'accès et froid. Quelques pas après, cette histoire de jeu s'évanouit et notre enthousiasme avec. Chaque espace est cloisonné, bancal, sans aucune cohérence dans le parcours, sans aucun chemin à suivre. Nous nous retrouvons lâchés dans une sorte de bric-à-brac gigantesque dans lequel nous ne comprenons strictement rien.
L'ennui
Deux états pourraient définir cette Biennale: l'ennui et le dégoût de l'autre, le spectateur. Avec cet intitulé, "L'histoire d'une décennie qui n'est pas encore nommée ", on espérait des surprises, du politique, de la poésie, des formes inédites. Cette 9e édition de la BAC n'est rien de tout cela. Aucune force poétique ne se dégage des innombrables pièces. On n'y voit aucune peinture. Aucune vidéo n'est politique sinon de façon caricaturale et mièvre. Aucune sculpture ne parle du corps, de mon corps, de ma vie, comme si l'humain était à peine convié. Hormis, peut-être, avec les photographies de David Hamilton. En exposant des images de jeunes nubiles datant des années 70, choix anachronique et judicieux, le commissaire Eric Troncy évoque justement les interdits qui pèsent sur le corps à notre époque.
Le mépris
Sans être la Biennale du ludique à outrance comme ce fut le cas il y a deux ans, celle-ci aurait pu, néanmoins, être tournée davantage vers le public, être moins hermétique, moins distante. Est-ce par mépris qu'aucune explication n'est fournie au visiteur ? Pourquoi n'existe-t-il aucune fiche permettant de saisir, de percevoir, de comprendre les œuvres ? Pourquoi certaines vidéos ne sont-elles mêmes pas sous-titrées en français ?
Réflexion faite, cette Biennale semble à l'image de la performance convenue de Tino Sehgal, au Musée d'Art Contemporain. Une jeune femme y improvise un strip-tease, se mettant entièrement nue au milieu du public et de sculptures minimales. Ni choquante, ni vraiment provocatrice, sans réellement toucher le spectateur ni le faire réfléchir, la blonde à forte poitrine est là, lasse et triste, et symbolise toute l'incompréhension, la vacuité et la mascarade qu'est cette Biennale qu'on aurait dû intituler : " l'histoire d'une décennie plutôt médiocre... "
9e Biennale d'Art Contemporain de Lyon. Jusqu'au 6 janvier 2008, du mardi au dimanche de 12h à 19h, le vendredi jusqu'à 22h.
04 72 07 41 41 ou
www.biennale-de-lyon.org
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