" 50 000 euros de subvention, au lieu de 452 000 euros les années passées, le sabordage de la Biennale par la Ville est évident " explique t-il.
En cause, la crise économique : un prétexte voire " un alibi budgétaire " selon Michel Dieuaide, co-créateur de l'évènement. " Cinq rencontres avec la ville, cinq fois qu'on nous évoque la crise. Le motif budgétaire, on le connaît depuis 40 ans, c'est la tarte à la crème ".
Pour Georges Képénékian, la Ville ne s'est pas désengagée : " j'ai négocié pendant un an, le budget de 50 000 euros a été voté lors du dernier Conseil municipal. Messieurs Dieuaide et Yendt trouvent que ce n'est pas assez, mais tout le monde trouve que ce n'est jamais assez. " L'adjoint délégué à la culture ajoute même que " les projets doivent aussi être à la hauteur des financements demandés. " " Tant pis, on ne va pas pleurer. Il faut que les choses bougent, il reste des projets intéressants à venir ", dit-il, bouclant ainsi le dossier.
D'après les deux metteurs en scène, la Ville a suivi le choix de l'Etat, qui s'est totalement désengagé du projet cette année. " L'Etat ne nous finançait qu'à hauteur de 20%, la Ville, elle, en profite pour s'incliner. L'Etat se retire de nombreux festivals, ils ne meurent pas pour autant, sauf lorsqu'on est une ville de Guignol ", ajoute Maurice Yendt, amer.
Retour sur la Biennale
La dernière Biennale remonte à 2007. Les deux directeurs artistiques, désireux de transmettre leur héritage, avaient fait part de leur souhait de transformer la Biennale en un nouveau projet : un Intermezzo annuel et bicéphale, géré chaque année par une équipe artistique étrangère et française, sur le modèle du festival d'Avignon. Mais ce projet alternatif n'a pas convaincu la municipalité qui a alors proposé une aide à hauteur de 50 000 euros. " Passer de 452 000 euros à 50 000 cacahuètes, pour quoi faire ? " s'interroge Michel Dieuaide.
Aujourd'hui, huit salariés sont mis sur la sellette. Les directeurs ont dû se passer d'une douzaine de nouvelles recrues pour cette année. Et ont dû décommander la programmation internationale et mettre en suspens tous les projets futurs.
La suppression de la Biennale semble pour tout le monde inéluctable. Plus de 10 000 courriers seront envoyés dès demain aux spectateurs fidèles, " le public lyonnais sera mis devant le fait accompli, le sabordage de la Biennale ayant été fait en catimini ", estime Maurice Yendt.
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