LA FEMME, L'HOMME ET LES ANGES

Quatre autres femmes dans les années 90. Si les décors et les aspirations ont changé, l'indicible lien, le centre des conversations et les désirs inassouvis animent encore leur vie. Du 2 au 27 octobre, les Célestins présentent Jeux doubles, une comédie douce et amère de Claudia Stavisky sur la condition féminine. Comme dans le cinéma réaliste italien, Jeux doubles montre des femmes de tous les jours. Une ballade émouvante d'une génération à une autre et dont la liberté de ton donne tout son piquant à leurs conversations quotidiennes. Entretien avec Claudia Stavisky, metteure en scène.

Lyon Capitale : Jeux Doubles, une pièce sur la femme ou sur la transmission, d'une génération de femme à une autre ?
Claudia Stavisky : Sur l'identité féminine plutôt, même si le personnage principal reste l'homme finalement. Avant, j'avais toujours traité le sujet de façon très violente, entre lutte et désespoir, un peu comme le fait l'école allemande. Cette fois, Jeux Doubles traite de la féminité de la femme pas seulement dans sa condition sociale et politique, mais en se demandant ce qui sépare réellement l'homme de la femme, en dehors des questions d'anatomie.

La première partie de la pièce se déroule dans les années 60, avant que les femmes ne descendent dans la rue et ne fassent changer les choses. Comme si quelque chose les travaillait déjà.

Pour la seconde, j'ai choisi quatre femmes d'aujourd'hui. Ce sont elles qui ont reçu un leg, celles qui sont nées en se demandant "qu'est-ce qu'on fait là ?". Leur condition féminine a parcouru du chemin, mais il n'est pas encore terminé.

Les hommes et les femmes pourront-ils, un jour, vivre ensemble et partager l'amour ?
Il y a forcément des moments où on passera par des formes très étranges de la féminité. Tout cela prendra encore du temps mais cela passera. Il faut encore du temps pour dissiper le trouble dans lequel on est plongé, il y en a encore pour deux ou trois générations. Christina Comencini ne fait pas un bilan de la condition féminine mais elle raconte à quel point elle se voit aujourd'hui. En tant que femme. C'est un chemin comme un travail sur soi-même dans une espèce de réalité quotidienne, pas une guerre sociale.

Vous déplacez l'action du salon à la cuisine. Cuisine et féminité, c'est un peu cliché...
Le vrai cliché, c'est celui de la bourgeoise dans son salon. On y place des personnages dans une problématique sociale très réductrice compte-tenu de la vrai problématique sur les liens familiaux. Le fait de jouer dans une cuisine présente un double intérêt. La cuisine rend les femmes plus simples, plus universelles et gomme les classes sociales. Comme la chambre à coucher, la cuisine est le poumon de la maison. Antoine Vitez disait : "Toutes les tragédies grecques, de l'antiquité à nos jours, pourraient se passer dans une chambre à coucher''. Pour moi, c'est dans la cuisine.

Jeux Doubles, du 4 au 27 octobre aux Célestins, 4 rue Charles Dullin, Lyon 2. 04 72 77 40 00 ou www.celestins-lyon.org

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