La friche artistique et culturelle du 84 rue Lacassagne, dans le 3e arrondissement, a fermé ses portes samedi 15 janvier. Le site abritait près de 400 artistes ainsi que leurs oeuvres et ateliers depuis 2002. Reportage sur ses derniers instants de vie.
Sous la surveillance de la police municipale.
Un calme pesant règne sur la friche RVI. Seuls quelques grincements de féraille viennent rompre le silence qui a pris possession des lieux, à quelques heures de sa fermeture définitive, ce vendredi. Ce soir, les frichards devront avoir vidé ateliers et lieux de vie. Un départ précipité par l'incendie du 20 décembre au cours duquel 2000 des 34 000 m² de la friche sont partis en fumée, et par l'arrêté municipal qui a suivi, ordonnant l'évacuation des lieux pour raisons de sécurité. Les artistes venaient pourtant d'obtenir un délai de six mois supplémentaires afin de trouver un autre endroit où s'installer. Comme pour presser davantage leur départ, le Grand-Lyon avait coupé l'accès à l'eau sur les lieux dès la semaine dernière.
Pas de perspectives de relogement
Pour une majorité de frichards qui quittent les lieux aujourd'hui, l'avenir est incertain. Certains déménagent à quelques pas, rue Lamartine, dans une ancienne usine mise à disposition par la Ville. Mais le site est bien plus petit que la friche (3500 m²), il ne peut accueillir qu'une centaine de personnes. Faute de propositions de la mairie,certains artistes se sont donc exilés sur le parking de la friche RVI depuis l'incendie. Parmi eux, Steph et Francesco du collectif Reso. Le Grand-Lyon, propriétaire du site, leur a envoyé une assignation devant le tribunal pour le 24 janvier, pour occupation illégale du parking. "On n'a pas d'autre choix que de rester là. On n'a pas d'autres locaux, on est en train de chercher. Depuis le début, le Grand-Lyon n'a jamais répondu à nos lettres et mails", déplorent les deux jeunes.
Ils ont fait le choix de ne pas aller rue Lamartine car "le bâtiment est dix fois plus petit, n'est pas aux normes et les conditions d'accès y sont très strictes. Ce sera la même histoire car il sera détruit dans deux ou trois ans. C'est une résidence d'artistes. La friche RVI allait plus loin, ce que l'on faisait ici touchait à toutes les dimensions de la vie. C'était un vrai laboratoire de vie et de création".
La fin d'un lieu symbole de la culture alternative
La friche pourra-t-elle renaitre ailleurs ? Francesco y croit mais le silence de la mairie l'exaspère : "on a fait beaucoup de demandes et on répète depuis le début qu'on est prêts à accepter des propositions raisonnables. Toutes les forces vives sont là pour faire encore plus et encore mieux. Mais on ne nous propose rien, c'est fou !".
Investie en 2002 par des artistes et des militants, l'usine désaffectée avait vu naître une véritable expérience collective. La Ville de Lyon, intéressée par l'expérience, avait alors autorisé l'occupation temporaire des lieux, en 2003.
Pour Francesco, la fermeture du site représente donc un vrai coup porté à la culture alternative lyonnaise. "On se rend compte du manque d'intérêt des institutions face à un lieu comme la friche RVI. C'est scandaleux qu'un tel espace soit complètement oublié. On aimerait que le dialogue soit engagé avec les institutions pour qu'on puisse avancer, partir d'ici. On a sorti nos affaires mais on a nulle part où les entreposer, elles sont en train de s'abîmer dehors. Et avec le froid et les intempéries, impossible de continuer nos activités hors-les-murs".
Du côté du Grand Lyon, on affirme que des réflexions sont en cours sur l'éventuelle ouverture d'une nouvelle friche artistique, mais que "rien n'est encore déterminé et abouti". En attendant, l'expulsion de la friche RVI, prochainement rasée pour laisser place à un projet immobilier, mettra ce week-end de nombreux artistes à la rue.
Cet incendie est vraiment tombé à point !Ainsi, le site est évacué de force et en dépit d'une décision judiciaire.J'espère que l'enquête identifiera les auteurs et responsables de cet incendie.
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