“Premier“ film de zombies bleu-blanc et surtout rouge, La Horde sortie sur les écrans lyonnais le 10 février s’affiche en sympathique divertissement référentiel pour fans de mort-vivants. Mais se noie quelque peu dans le potache.
Une poignée de flics borderline, une bande de truands madrés, un immeuble à l’abandon, des zombies. C’est le pitch minimaliste de La Horde, présenté comme le premier film de zombies à la française (même si Mutants de David Morley s’était déjà collé au genre, d’un point de vue nettement plus clinique) : quand les premiers, guidés par la vengeance, entreprennent de solder leur compte avec les seconds dans une barre en ruines, ce sont les zombies qui attaquent la zone. Car oui, nous sommes en banlieue et c’est la zone.
Mais point ici de “racaille“ ou de “sauvageons“, juste une armée de morts-vivants sortis de la contamination générale qui sourd au loin. Bien entendu, flicards et gangsters vont devoir se serrer les coudes (et les fesses) pour s’en sortir dans un feu d’artifices de chair dézinguée à l’arme automatique et coups de chicots dans le mollet. Mais plus qu’un simple film de zombie, La Horde est aussi un hommage appuyé et rigolard au cinéma populaire des années 70, entre canardage bavard et répliques fleuries.
Dans ce mélange des genres aussi brouillon qu’efficace, les gueules de cinéma (Jo Prestia, ancien boxeur abonné aux rôles épicés) côtoient des acteurs plus encartés (Aurélien Recoing et surtout Yves Pignot, de la Comédie Française, en ancien de l’Indo au verbe imagé, armé d’une sulfateuse). Et le délire de sales gosses gores, ponctuées de bastons inspirées, n’efface pas totalement le sous-texte politique du film : ici les flics ne sont pas moins salopards que les truands (ils ont même un gros côté Charles Bronson à Clichy-sous-Bois) et si les survivants peinent à échapper aux zombies c’est parce qu’en banlieue on ne répare pas les ascenseurs. C’est la caractéristique particulière du genre zombiesque : sa capacité à se nourrir sur le cadavre de la société pour en recracher une critique sociale.
Sur-écrit, sur-joué
On pourrait donc tout autant voir dans ce film une énième citation de l’Assaut de John Carpenter (un commissariat assiégé par une armée de truands) qu’un écho foutraque aux émeutes de 2005. Sauf que cette part là, Yannick Dahan (le sautillant critique culte d’Opération Frisson sur CinéCinéma) et Benjamin Rocher, les co-réalisateurs, ne semble pas vouloir l’assumer jusqu’au bout.
Trop occupés qu’ils sont à sur-écrire des dialogues que leurs acteurs s’appliquent à sur-jouer au-delà de la caricature. C’est la limite du film : un film de fans, par et pour les fans, avec ce que ça comporte d’éléments téléphonés. En se livrant avec jubilation à la réalisation d’un rêve de gamin, Dahan et Rocher, c’est sûr, ne boudent pas leur plaisir. Et tout ce qui leur importe est de faire en sorte que ce plaisir soit contagieux pour un public qui rêvait aussi de voir la France s’attaquer au genre mythique de Georges Romero.
Si l’objectif était de parvenir à faire un film d’horreur dans le contexte autistique du cinéma français, La Horde est un pari réussi. S’il s’agissait de contribuer à ce que ce même film d’horreur commence à être pris pour autre chose qu’un plaisir un peu vain pour potaches pas bien finis, on a comme un doute. Mais est-ce bien là l’essentiel ?
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