La librairie Datta, qui avait connu le succès dans les pentes de la Croix-Rousse, s’est installée chez U & I, rue des Quatre-Chapeaux. La galerie a disparu, mais Datta a gardé son esthétique. Lyon Capitale est allé y faire un tour.
Difficile, en poussant la porte de U & I, rue des Quatre-Chapeaux, de s'imaginer ce qui nous attend. C'est Virginie qui ouvre la porte et nous indique les escaliers : "Il est au premier étage." Il faut traverser la boutique remplie de vêtements, passer devant les cabines d'essayage et grimper quelques rangées de marches pour trouver Julien. Sa boutique n'a pas toujours été si bien cachée. Datta était auparavant une libraire-galerie, en bas des pentes de la Croix-Rousse. "J'ai voulu changer de quartier", explique-t-il.
Datta a une identité visuelle bien marquée. La librairie propose des livres et magazines sur le graphisme, le design, l'architecture, la mode, mais aussi le tatouage, la cuisine et... pour les enfants. Chaque objet est graphiquement très travaillé. "On est dans une recherche d'esthétisme", indique Julien. À côté des bouquins, on trouve sa collection de vêtements, des pièces en céramique et des bijoux de créatrices lyonnaises. Le tout est très branché, sans être arrogant. "Ma boutique me ressemble, raconte Julien. Je suis seul alors je fais comme je veux. Là, on peut voir que je répare un meuble, y a mon bordel qui traîne dans un coin... Je ne fais pas semblant. Ça reste à mon image."
Une offre et un accueil qui ont déjà conquis le public
L'accueil amical de Julien a sûrement contribué au succès de sa librairie. "Je sers les gens comme j'aurais envie qu'on me serve, lâche-t-il simplement. Je ne suis pas là pour sauter sur le client et faire des ventes forcées. Le but, c'est qu'il revienne parce qu'il aura aimé ce que je lui ai conseillé." La librairie a surtout trouvé son public et est dans l'air du temps. "Mes clients ont entre 25 et 45 ans", raconte Julien. Ce qui plaît le plus chez Datta ? Les livres pour enfants, sans hésiter. Le dernier en date – Le Dico des animaux crado, illustré par Gaël Beulier – plaît aux petits comme aux grands. Pour le reste, ce qui a fait le succès de cette librairie, ce sont surtout ces produits que l'on ne trouve pas ailleurs : "Les livres pour enfants sont français, ensuite on a beaucoup de publications en anglais parce que ça permet d'avoir des choses qu'on ne trouve pas à la Fnac."
Julien avoue n'avoir jamais eu de retours négatifs. Il montre les commentaires de ses clients sur Facebook. Une majorité de 5 étoiles (sur 5) et des éloges à n'en plus finir. "Datta est un lieux convivial, chaleureux, où on se sent bien et accueilli par des personnes qui dominent leur sujet", résume Christiane. Un succès qui ne lui est pas monté à la tête. "Je suis fier de temps en temps, mais au quotidien c'est surtout beaucoup de boulot", avoue-t-il.
“Le papier n’est pas mort”
Malgré une image très positive, le déménagement n'a pas été une étape facile. "J'ai perdu environ 70 % de ma clientèle, déplore Julien. Il faut un peu de temps pour que les gens comprennent que Datta a changé d'adresse." Une nouvelle adresse qui risque d'ailleurs de n'être que temporaire. "On fait un essai pendant trois mois et ensuite on verra." Le jeune commerçant a déjà plein d'autres projets en tête. "Les temps ne sont également pas propices au commerce", affirme-t-il. En six ans, Julien a vu la situation évoluer et a conscience que le livre est un produit de luxe désormais. "Mais le papier n'est pas mort", lance-t-il pour finir sur une note positive.