On l’a découvert à travers la forme solo, écriture fondatrice de son travail, nous démontrant sa capacité d’être à lui tout seul, un corps multiple mis en abyme par une gestuelle puissante et organique. Car Emio Greco n’a de cesse d’extraire de son propre corps, une danse qui cherche jusqu’à l’os, l’origine du mouvement, l’emmenant au-delà de ses limites supposées.
Sur scène, tout n’est qu’énergie, pulsion, transe, extase, et le spectateur n’a d’autre choix que celui d’être happé par un flot d’émotions continu. Après Hell, pièce de groupe, on le retrouve ici dans l’intimité du solo In Visione (Purgatorio), deuxième volet d’un diptyque sur l’imaginaire du purgatoire, autour d’un travail sur la Divine Comédie de Dante. Le purgatoire étant pour lui comme un passage qu’il aurait posé au milieu de son parcours personnel pour l’aider à aller vers une forme de connaissance. La musique, revisitée par le jeune compositeur Franck Krawczyk, est faite d’extraits de La Passion selon St-Matthieu de Bach et interprétée sur scène par l’ensemble instrumental du CNSMD de Lyon.
L’immersion du corps de Greco à l’intérieur de la musique est sans doute ce qui nous permet de naviguer, sans nous en rendre compte vraiment, entre douceur et violence, tension et plénitude. Le chorégraphe instaure par moment une telle osmose avec elle qu’il nous est possible de percevoir le souffle qu’elle distille sous sa peau. Mais il sait à d’autres moments provoquer des décalages, des retraits abrupts, rendant son corps insoumis aux sons du purgatoire. On retrouve bien dans cette pièce ce qui donne à cet artiste une dimension presque hors du commun. Ne faire qu’un avec sensualité et spiritualité ; une silhouette toujours lumineuse même en état de faiblesse ; la solitude d’un homme capable de la transformer en une éternité légère, tracée par des mouvements d’une extrême amplitude.
In Visione d’Emio Greco, à la Maison de la Danse, les 20 et 21 janvier. Tel 04 72 78 18 00
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