La Piraterie regroupe des artistes lyonnais de différentes disciplines qui s’engagent auprès des enfants défavorisés. Portrait d’un collectif qui fait rimer créativité avec solidarité.
C’est l’histoire d’un groupe d’artistes qui croit que danser, filmer, rapper, créer ont un pouvoir, celui de susciter l’espoir. En 2014, ils décident d’unir leurs forces : La Piraterie est née. "La Piraterie c’est des copains qui ont eu envie de se réunir. On a voulu créer un collectif avec des valeurs qui nous ressemblent", explique Marlène Gobber, danseuse professionnelle et cofondatrice du collectif qui réunit danse, théâtre, photographie et cinéma. Car au delà de l’amour de l’art, ces huit artistes se rassemblent autour de valeurs d’humanisme et de solidarité. Alors leurs œuvres parlent de ce qui leur tient à cœur, de ce qui les révolte, de ce qu’ils défendent. À l’image de Subversif, duo de danse hip-hop et contemporaine, qui questionne la violence dans les rapports humains, et la manière de résister. Marlène Gobber en est l’auteur : "C’est une pièce viscérale, engagée. Elle parle de ce que je défends, sur scène et aussi dans la vie". "Dans la vie", la compagnie met en pratique ses convictions, en s’engageant auprès d’enfants défavorisés, à travers l’art, toujours.
L’art, pour ne jamais baisser les bras
Lorsque l’on a quitté son pays pour fuir la guerre ou la famine, lorsque l’on dort dans la rue ou dans un centre d’accueil en attendant d’être fixé sur son sort, la culture n’est pas une priorité. Et pourtant, La Piraterie est convaincue de pouvoir aider ces enfants autrement que par des dons matériels. En 2014, le collectif organise des ateliers danse et rap avec les enfants du centre d’accueil pour demandeurs d’asile de Saint-Genis-Laval. Il en ressort la pièce Les joyeux enfants mélancoliques, que les enfants interprèteront plusieurs fois, jusqu’à la scène du théâtre de la Croix-Rousse. "C’est le pouvoir de l’art. Cela leur a donné la possibilité de monter sur scène, de s’exprimer, de raconter leur histoire", sourit Marlène Gobber. Une expérience réitérée chaque année dans différents centres, à travers des ateliers nommés Don de Passion, pour déplacer la culture sur des lieux qu’elle a désertés, redonner la parole et l’espoir.
Mais les demandeurs d’asile ne sont pas le seul cheval de bataille de La Piraterie. Depuis trois ans, elle collabore avec l’équipe de l’Institut éducatif thérapeutique et pédagogique de Maria Dubost, dans le 7e arrondissement. Ici, hip hop et théâtre sont un moyen de redonner confiance à des adolescents aux troubles du comportement, mais aussi de leur apprendre à se plier à une certaine rigueur qu’exigent ces disciplines.
Pour des enfants que la vie n’a pas épargnés, l’art est un moyen de continuer à se battre. "Le hip-hop, c’est une danse où il faut se battre, physiquement et moralement. Elle apporte la détermination nécessaire pour s’en sortir dans la vie", résume Marlène Gobber.