Avec Daniel Gimenez Cacho, Maribel Verdu...
On a eu trop souvent l'occasion de le constater : quand la sécurité et la démocratie sont sur un bateau et que l'une des deux doit tomber à l'eau, c'est souvent la sécurité qu'on sauve. C'est tout le sens de cet édifiant film mexicain qui démontre que les zones de non-droit ne sont pas forcément celles qu'on croit. Quand il s'agit de couvrir le meurtre de deux jeunes intrus pénétrés presque par hasard dans leur quartier résidentiel surprotégé, et de traquer leur complice survivant, seul détenteur de la vérité des événements et pris au piège de ce Neuilly aux airs d'Alcatraz, les habitants de "la Zone" ne reculent devant rien : déni de démocratie, autodéfense et corruption. Jusqu'à se débarrasser des corps comme de vulgaires déchets. Comme le dit l'une des résidentes au seul flic un tant soit peu incorruptible du film : "les délits se règlent avec des pots de vin". Les crimes aussi, si tant est qu'on y mette le prix. La force du film de Rodrigo Pla, c'est le faux rythme appliqué à sa mise en scène pour mieux rendre compte du pourrissement de la situation. Et de la montée de la haine comme seul terreau de la tranquillité. A tel point qu'au dénouement, dramatique, du film, on ne sait plus qui des privilégiés ou des laissés-pour-compte le mur d'enceinte de cet enfer pavillonnaire est censé protéger.