Laurent Mauvignier à l’écriture, Michel Raskine à la mise en scène. Deux noms synonymes d’excellence et de singularité dans leur domaine à l'affiche des Célestins. S’il y a bien un spectacle prometteur en ce début d'année 2022 c’est celui-ci : Ce que j’appelle oubli.
“Les grandes langues françaises n’ont aucune, aucune, aucune difficulté à franchir la barrière du théâtre.” C’est ainsi que le metteur en scène et ex-directeur du théâtre du Point-du-Jour, Michel Raskine, exprime ce qui l’a amené à se pencher sur le texte de Laurent Mauvignier, Ce que j’appelle oubli, qu’il met en scène aux Célestins dès le 26 janvier.
On se réjouit d’avance de découvrir, transposée au théâtre, l’écriture de Laurent Mauvignier. L’un de nos plus grands écrivains contemporains, si l’on en croit la force et le succès rencontrés par ses livres (Loin d’eux, Apprendre à finir, Dans la foule, Des hommes, adapté au cinéma par Lucas Belvaux, sans oublier le dernier, Histoires de la nuit).
Laurent Mauvignier tente de dire ce qui se refuse à toute compréhension, à toute saisie esthétique, philosophique, judiciaire ou politique
Et comme l’on connaît aussi la finesse et l’acuité des mises en scène de Michel Raskine (Huis clos de Jean-Paul Sartre, Barbe Bleue, l’espoir des femmes de Dea Loher, La Danse de mort d’August Strindberg, Le Triomphe de l’amour de Marivaux… pour n’en citer que quelques-unes), on ne doute pas une seconde que le mariage sera heureux.
De surcroît, l’intrigue suscite la curiosité. Tout part d’un fait divers qui a eu lieu à Lyon en 2009. Dans un supermarché, un jeune homme prend une canette de bière et la boit sur place. Quatre vigiles le saisissent et le rouent de coups. L’homme meurt.
À partir de cette histoire banale et terrible, Laurent Mauvignier a écrit un récit sous la forme d’une phrase unique, comme un seul élan, un seul souffle. Où il tente de dire ce qui se refuse à toute compréhension, à toute saisie esthétique, philosophique, judiciaire ou politique.
En tout cas, la lecture du texte a provoqué chez le metteur en scène un grand choc, persistant. Il a eu la joyeuse sensation que ce texte était celui qu’il attendait, celui qui conviendrait parfaitement aux deux interprètes avec lesquels il souhaitait s’engager dans cette nouvelle aventure théâtrale : le comédien Thomas Rortais et le percussionniste Louis Domallain.
Ce que j’appelle oubli – Du 26 janvier au 6 février aux Célestins, du 12 au 19 mars à la MC2 de Grenoble