Le barnum Polnareff

Il est à Lyon cette semaine pour deux concerts exceptionnels.

Voilà trois semaines que Polnareff est en tournée et l'on n'a toujours pas vu une seule photo du show le plus médiatique du moment. Le chanteur a entouré son come-back de mystères et de nons-dits : son image est totalement contrôlée, les indésirables blacklistés et le suspense savamment entretenu. Polnareff n'a pas changé, il joue l'exclusivité et la frustration et c'est plutôt respectable. Si vous voulez le voir, il faut vous déplacer.
De sa venue à Lyon, on ne sait presque rien. Chez Eldorado & Co, pourtant en charge de la production des spectacles lyonnais, hormis "la fiche technique du show qui ressemble à une superproduction type", aucun détail n'a filtré. "On nous demande souvent de réserver un hôtel, des limousines, des gardes du corps... Mais avec Polnareff, tout a été géré par sa production". Quant à la qualité du show, on nous assure que "la voix cristalline a été épargnée. Le bal des Lazes, Lettre à France, Goodbye Marylou, Love me, Je suis un homme sont interprétées avec la fièvre des jeunes années dans une succession halluciante de tubes". Polnareff sort indemne de son exil et s'il n'a rien de nouveau à proposer, réactiver le mythe semble avoir largement contenté le public. D'ailleurs, à l'heure où nous bouclons, seules une poignée de places sont encore disponibles. Thierry Téodori, directeur de la Halle Tony Garnier, confirme qu'il aurait pu faire deux soirées à 17 000 personnes mais "la production de Polnareff a préféré la configuration à 10 000 pour des questions de confort et de proximité avec le public". Le concert de l'année ? Ca aurait pu l'être si Lou Reed n'avait pas été confirmé et comme on annonce aussi les Rolling Stones pour le début de l'été... Rien n'est joué.

Le 24 mars à 20h30 et le 25 mars à 18h, à la Halle Tony Garnier. 20, place Antonin Perrin. Lyon 7e. 04 72 76 85 85. De 49 à 95 euros.

"Recrédibiliser Polnareff n'avait rien de facile"

5 questions à Fabien Lecoeuvre, ancien attaché de presse de Michel Polnareff, auteur de Polnareff, la véritable histoire d'un légende (ed. City) et initiateur de son retour.

Comment avez-vous été approché par Polnareff ?

Il m'a contacté au printemps 2004. Il voulait rencontrer le type qui gérait la carrière posthume de Cloclo. Après plusieurs retours avortés en 93, 96, 99 et 2002, il était médiatiquement grillé. Les dernières photos de lui qui remontaient à l'époque du Royal Monceau le montraient barbu, obèse et alcoolo... Recrédibiliser le garçon n'avait rien de facile.

Est-ce la raison pour laquelle vous lui avez dit que "Si Claude François revenait aujourd'hui, il ferait l'erreur de sa carrière"?

Au début, je n'étais pas convaincu du bien fondé de son retour. Pour la France, il était un mort vivant. On se souvenait de sa jeunesse, de sa légende, c'était déjà un mythe au-dessus de la star. Plus concrètement, il n'avait ni tourneur, ni maison de disque, ni contrat publicitaire, on repartait de zéro.

Quelle a été la stratégie?

La communication. On a mis en place des "paparazzades". Ça a tout de suite marché, les fausses photos volées se sont retrouvées en une de Paris Match, Télé 7 jours ou Gala. Derrière, la machine s'est relancée et sa manageuse (Annie Fargue) a pu signé avec Universal ou SFR.

Comment travaille-t-on avec lui?

Travailler pour lui c'est entrer dans sa vie : le sport, le secret... Pendant 20 mois j'ai fait des allers retours à Palm Springs, jusqu'au jour où tout s'est dégradé. Polnareff est complètement parano et très sensible aux rumeurs. Quand "on" a commencé à raconter que j'avais une liaison avec sa compagne, ça a clashé. (...) Sa manageuse est épouvantable. Elle appartenait aux jeunesses communistes des années 60 et elle applique des méthodes staliniennes à toute la sphère Polnareff. Je suis aujourd'hui, "blacklisté".

Auriez-vous géré son retour de la même manière?

Absolument. Il fallait un come-back spectaculaire puisqu'il n'avait rien à proposer de nouveau. Je produis aussi "Age Tendre et Tête de Bois" qui joue la même carte nostalgie, je sais donc qu'un certain public donne tout pour revivre ses 15 ans. Si les salles se remplissent, c'est grâce à la mémoire collective. Polnareff, c'est le souvenir des fesses à l'air et c'est ce passé-là, que tout le monde vient écouter.

3 Lyonnais évoquent Polnareff

"Dites lui que Dominique Valéra essaie de le rencontrer"
Dominique Valéra, champion de karaté.
"Je lui enseignais le karaté au début des années 70. Il était sous pression, fragile, il faisait 50kg et s'entraînait pour se vider l'esprit. J'ai le souvenir d'un homme très généreux mais très craintif (...) Quand il a appris qu'il était ruiné, j'étais avec lui, en Tunisie, dans le désert. Il a mis longtemps à réaliser. Il était tellement peu préocuppé par les contingences financières qu'il était vulnérable. Je n'ai plus de contact avec lui depuis 1995. Il m'avait logé chez lui à Los Angeles pendant le championnat du monde de Full Contact. Si d'aventures vous lui parlez, dites lui que Dominique Valéra essaie de le rencontrer !"

"Ça reste de la varièt des années 70"
Vincent Carry, coordinateur du Festival Les Nuits Sonores
"Je reviens de Paris et j'ai halluciné. Il y avait un buzz de malade autour des concerts de Polnareff, à croire que les gens ont disjoncté. Personnellement, ça ne me parle pas et j'ai du mal à comprendre le parallèle que certains font avec Gainsbourg. Polnareff a bien cultivé le mythe derrière les lunettes mais ça reste de la varièt' des années 70".

"Je ne pouvais pas attendre qu'il passe à Lyon"
Fabrice, 33 ans, fan de l'amiral
"Je ne pouvais pas attendre que l'amiral passe à Lyon. J'avoue, je suis un fan de base et dès que les réservations ont été ouvertes j'ai pris des places pour Bercy. C'était magique et très émouvant car le public chantait autant que lui".

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