À l’affiche dès samedi à Lyon, une rareté : le dernier opéra achevé par le compositeur autrichien des années 1930 Alexander von Zemlinsky. Ce Cercle de craie qui dénonce la misère et la corruption vit son lancement compromis par l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Lothar Koenigs et Richard Brunel le ravivent.
Deux femmes se disputent un enfant, laquelle des deux obtiendra l’appui de l’empereur et la garde légitime du chérubin ? Le thème, classique, abordé de l’Antiquité (la Bible et son jugement de Salomon) à nos jours (le film Kramer contre Kramer au cinéma ou la chanson Mon fils, ma bataille de Balavoine…), apparaît également dans un drame chinois de Ling Sing-Tao au XIIe siècle, dont s’inspire le poète et dramaturge allemand Klabund dans Der Kreidekreis, adapté quelques années plus tard en livret d’opéra. C’est le compositeur autrichien Alexander von Zemlinsky qui s’y colle, séduit comme d’autres auparavant et après lui (Brecht en réalisa également une adaptation dans Le Cercle de craie caucasien) par le potentiel dramatique d’une telle situation.
Une partition teintée de jazz et de couleurs orientales
Dans cet opéra en allemand, le compositeur, familier jusqu’alors d’un langage ancré dans le post-romantisme le plus lyrique, s’aventure en terrains nouveaux. S’inscrivant dans son époque (les années 1930), Zemlinsky teinte sa partition d’accents empruntés au jazz mais aussi – l’intrigue se déroulant en Chine – de couleurs modales et orientales stylisées.
Une œuvre politique, dénonçant la misère et la corruption, qui vit son succès probable compromis par l’arrivée au pouvoir d’Hitler. C’est le chef Lothar Koenigs qui dirige ici l’orchestre de l’Opéra de Lyon, et Richard Brunel signe la mise en scène. Une rareté, à découvrir.