Le dernier solo de Faure : stupeur et tremblements

A la suite de ses premières petites formes autobiographiques Moi tout seul et Naissance d'un clown, il ouvre la saison de son théâtre à la Croix-Rousse avec un troisième soliloque, Maman j'ai peur dans le noir.

Et dans la vie pathétique de monsieur Faure, puisque c'est ainsi qu'il aime la présenter, on retrouve sa passion pour le chanteur C. Jérôme, son réflexe lassant à baisser ses pantalons, et on ne compte donc quasiment aucune nouveauté... Ah si, l'inflammation de la couille gauche de son assistant, sur laquelle s'ouvre même le spectacle. Une anémie sérieuse aussi, encaissée récemment par le directeur de la Croix-Rousse. Mais sinon, sur la scène, pas grand chose. Pas même de vide existentiel. Malgré tout le mal que se donne le metteur en scène pour donner une dimension pathétique à son laïus décousu, l'ennui gagne vite du terrain. Philippe Faure fait pourtant tout pour susciter sinon de l'intérêt, au moins de la compassion, en évoquant le décès de sa maman, puis celui de son petit frère, en se souvenant de la pâle clairette de Die achetée par son père les jours de fête, en parlant de lui comme du dernier des cocus... Mais du vrac de ces anecdotes ne sort aucune musique, que le bruit dissonnant d'un texte pas toujours très bien écrit, et décridibilisé par des incohérences qui sortent le spectateur d'un univers déjà difficilement construit, comme des compliments-pommade adressés au maire de Lyon et au président de la Région.
C'est toutefois dans ses excès d'humilité que Philippe Faure parvient à être drôle : lorsqu'il se moque, par exemple, d'une de ses propres mises en scène (Hamlet, en 1987). Loin d'être mauvais acteur, le directeur de la Croix-Rousse aurait beaucoup à gagner en faisant appel à un auteur, qui sache esthétiser dans l'écriture le mal de vivre d'un petit monsieur dormant sur un matelas gonflable. Car d'une vie pathétique, on peut, il n'y a pas de doute, tirer une matière fictionnelle riche. Et, par la suite, un spectacle émouvant. Mais n'est pas dépressif talentueux qui veut, même en insistant.

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