Le musée de Fourvière nous stimule sacrément

Pas de grande signature, mais des œuvres de très belle facture au musée d’Art religieux de Fourvière, dans une exposition stimulante qui rince l’œil de ses habitudes.

Il y a, comme ça, des petites expositions qui ne paient pas de mine, qui ne comptent aucune grande signature, mais qui se révèlent passionnantes. C’est le cas de “Corpus Christi”, présentée au musée d’Art religieux de Fourvière, qui tente de retracer à travers les siècles et les médiums la représentation du corps du Christ dans les épisodes clés du christianisme.

L’accrochage choisit la simplicité en optant pour un parcours chronologique, de la Nativité à l’Eucharistie. Pendant des siècles, l’histoire de l’art a été nourrie par le christianisme, il y aurait donc eu pléthore de Cènes, Crucifixions, Mises au tombeau, ou Résurrections de maîtres possibles, mais le musée a fait le choix d’œuvres d’artistes mineurs de très belle facture (il est d’ailleurs intéressant de constater que l’absence de signatures rince finalement l’œil de ses habitudes, notamment en matière de peinture, pour se concentrer davantage sur le sujet et le traitement), pour la plupart issues de collections privées, donc moins visibles.

L’art et le dogme : une relation moins rigide qu’on l’attendrait

Cette transposition plastique des scènes de la vie de Jésus fut non seulement un vecteur de croyance et d’entretien de celle-ci dès le IIIe siècle, mais aussi l’expression d’une vision et d’une interprétation singulières, purement plastiques, d’une scène. Une sorte d’exercice de style (et de savoir-faire) à travers les siècles, comme ces deux flagellations picturales ou ces différentes descentes de croix (dont une étonnante toile d’un Jésus gris dans Le Christ et saint Bernard de Clairvaux, XVIIe siècle). Et c’est là toute la beauté de l’exposition, que de montrer la marge de manœuvre artistique dans le dogme, de voir une cicatrice changer de côté d’un artiste à l’autre, un détail inattendu dans la mise en scène d’une crucifixion comme dans ce Christ en croix en ivoire d’une finesse incroyable, ou la trivialité de certaines scènes tels ce Jésus jardinier ou Jésus en conversation avec Marthe et Marie.

Bref, l’exposition étonne à plus d’un titre, d’un point de vue artistique, historique et intellectuel, et stimule, que l’on soit croyant ou non, par un accrochage dynamique qui joue des résonances entre les œuvres, et des relations de cause à effet entre le récit et les rites qui en ont découlé.

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Corpus Christi. Jusqu’au 16 juin, au musée d’Art religieux de Fourvière, 8 place de Fourvière (Lyon 5e).

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